GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Retour vers le bulletin d'avril 2010

La femme en Europe aujourd'hui

Compte-rendu colloque du premier mars 2010 de l'Association Européenne de la Pensée Libre AEPL au Parlement Européen

Le 1er mars dernier, l'AEPL a organisé un Colloque au Parlement européen consacré à «La femme en Europe Aujourd'hui».Trois brillantes conférencières y ont exposé problèmes et avancées en matière d'égalité entre hommes et femmes en Europe:

N. Delaise («Choisir la cause des femmes») a exposé le projet européen de la clause la plus favorable aux femmes, Jamila Si M'Hammed, (présidente du comité belge «Ni Putes Ni soumises»-notre photo) a montré les pressions religieuses et traditionnelles sur les femmes et les jeunes filles issues de l'immigration (mariages forcés, crimes d'honneur, enfermement, etc.) et Bérengère Marques Pereira, (professeure ordinaire à l'Université Libre de Bruxelles) a montré l'importance de l'individuation progressive des femmes pour obtenir un statut social d'égale à égal avec les hommes.

Palmarès des législations les plus favorables aux femmes

L'association «Choisir la cause des femmes» après analyse des textes légaux les plus favorables aux femmes dans les 27 pays de l'Union, en a établi le palmarès:

Au Danemark, la palme en matière d'éducation sexuelle qui se donne déjà en primaire, favorisant la connaissance, et donc son respect, de l'«autre» sexe.

Aux Pays-Bas, l'accès est libre et gratuit à une contraception moderne.

La Suède prend l'avortement totalement en charge et l'avortement est pratiqué à la simple demande de la femme sans aucunes conditions.

L'Autriche est la plus ferme quant à la primauté du mariage civil et l'Espagne la plus souple en matière de divorce. La Belgique la plus avancée en matière d'union civile.

Le congé parental est le mieux organisé en Suède et l'autorité parentale équitablement répartie en Lettonie et en Estonie.

La France a criminalisé le viol et l'Espagne dispose d'une loi-cadre à la sensibilisation et au suivi psychologique de la violence conjugale.

En Suède, la répression de la prostitution est dirigée vers le client et non vers la prostituée.

La Lituanie a inscrit le harcèlement dans le code pénal et le droit du travail. Mais c'est le code du travail français qui est montré en exemple.

Enfin la Belgique et la France se partagent la palme en matière de parité politique (inscrite dans leur Constitution) mais plus efficacement sanctionnée en Belgique (par l'irrecevabilité) qu'en France (simple amende).

Cet exposé avait lieu dans le cadre du colloque «La femme en Europe d'aujourd'hui» organisé le 1er mars dernier, au Parlement Européen par l'Association Européenne de la Pensée Libre.

Le débat qui a suivi a mis en lumière le caractère prioritaire de la loi sur les mentalités, mentalités plus facilement favorables à l'éduction sexuelle et à la parité politique qu'à la contraception.

Porte Ouverte a demandé - et obtenu - l'ajout du maintien de la mixité en milieu scolaire et dans l'espace public, mixité régulièrement remise en cause: piscines, activités para-scolaires et autres.

L'Assemblée a paru très sensible à l'influence des lobbies religieux sur la plupart de ces matières et préconisé de s'adresser aux politiques en périodes pré-électorales.

Dangers de l'influence religieuse dans l'immigration

Lors du même colloque, Jamila Si M'Hammed, médecin-psychiatre et présidente du Comité Belge «Ni Putes ni Soumises», n'a eu aucune difficulté à démontrer la coercition exercée par les mouvements religieux, sur les femmes, y compris via le milieu familial. Mariages forcés, crimes dits d'honneur, enfermement des femmes - dont le voile est l'un des symboles - sont pratiques devenues courantes et même tolérées voire reçues avec bienveillance en fonction de leur caractère prétendument religieux. Mme Si M'Hammed a pointé le dénuement social dans lequel se trouve la jeune fille qui serait en désaccord avec sa famille. Le voile s'est inscrit rapidement au cœur des débats comme le symbole de cette soumission, avec, pour la grande majorité des participants, la nécessité de son interdiction en raison de sa signification politique (et non religieuse), en raison de la protection des plus faibles (mieux vaut 100 femmes frustrées de l'interdiction de porter le voile qu'une seule obligée de le porter) et de l'impact négatif d'une mère voilée sur l'attitude de ses fils à l'égard d'une femme qui ne le serait pas.

Message bien reçu par les organisateurs.

Importance de l'individuation des femmes.

«Individuation des femmes» keksekçà pourrait-on dire? Derrière ce mot un peu barbare, présenté par Mme Marques Pereira, professeur à l'ULB, c'est «l'accès au savoir, à l'échange contractuel, à l'échange discussif et à la libre disposition de son corps, que se définit l'individuation des femmes, càd leur capacité à être elles-mêmes et à parler en leur nom propre».

C'est une notion primordiale car elle est le socle nécessaire et indispensable à la définition, par les femmes, de leur place dans toute société. Et l'étalon de leur propre liberté. Et l'égalité de statut.

A cet égard on mit l'accent sur les «Droits fondamentaux» contenus dans le Traité de Lisbonne, sur la Déclaration Universelle des Droits Humains de 1948 (si peu universelle car jamais souscrite par les pays musulmans parce qu'elle contient le principe de l'égalité hommes-femmes) et sur le vote récent du Parlement Européen sur cette même égalité et sur le droit à la «libre reproductivité».