GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Éphémérides de la semaine

À l'occasion de l'Année Internationale de la Femme instituée en 1975 par l'UNESCO, le Groupement belge de la Porte Ouverte a rassemblé les faits d'un ensemble de femmes qui se sont illustrées dans l'histoire, récente ou ancienne. Afin que ce travail ait un effet durant toute cette année, il fut diffusé vers les journaux et périodiques sous forme d'éphémérides. Seul l'hebdomadaire néerlandophone « MIMO » les a régulièrement publiées.

Les informations ont été rassemblées par Alice Choprix-Delaby, Elisa Coene, Adèle Hauwel, Lucie Hauwel, Renée Noirynck et Jeanine Van Esch.

Mexique - Le 17 avril 1695 mourut à Mexico la poétesse Juana Inès de la CRUZ (née le 12 novembre 1651 à San Michel de Repanthla), de son vrai nom J. I. de Asbaje y Raminez de Cantillana. Elle fut d'une précocité remarquable, était très instruite, fit partie de l'entourage de la vice-reine puis entra au couvent. Ses ouvrages poétiques ont fait d'elle la représentante la plus remarquable de la littérature de son époque et elle mérita les surnoms de «dixième muse» et de «phénix du Mexique»; elle fut également auteure dramatique et compositrice. On lui doit aussi des strophes consacrées à «L'injustice des hommes quand ils parlent des femmes».

Allemagne - Décès à Berlin, le 18 avril 1922, de Grete MEISEL-HESS (née à Prague le 19 avril 1879), écrivaine et moraliste. Elle attaqua dans ses écrits le principe de la double morale, au nom de laquelle, dans le domaine sexuel, ce qui est permis aux hommes ne l'est pas aux femmes et s'en est pris également à l'écrivain misogyne Weininger, auteur de «Geschlecht und Charakter», contre lequel elle écrivit en 1904 un ouvrage intitulé «Weiberhass und Weiberverachtung» (De la haine et du mépris des femmes).

On mesure facilement le courage qu'il fallait à cette époque pour défendre des idées que, même aujourd'hui, tout le monde n'admet pas.

Autriche - La Pragmatique Sanction (dont le parchemin original est exposé aux archives de l'État à Vienne) date du 19 avril 1713. Elle règle la succession de la maison de Habsbourg: alors que le roi (la loi ?) salique exclut totalement les femmes de la succession au trône, la Pragmatique Sanction, confirmant ce que l'on appelle la «disposition Léopoldine» du 12 septembre 1703, les y admet tout en donnant la prépondérance aux hommes. Par la Pragmatique Sanction, Charles VI qui avait succédé à son frère Joseph I (lequel n'avait «que» des filles) donne le pas à ses propres filles, pas encore nées, sur leurs cousines (leurs cousins ? ). C'est ainsi que Marie-Thérèse (née à Vienne le 13 mai 1717 et décédée dans cette ville le 29 novembre 1780) succéda à son propre père Charles VI décédé le 20 octobre 1740. On sait quelle guerre en résulta.

Des historiens ont écrit:

  1. «On aurait pu (le parchemin de la Pragmatique Sanction) le retracer des millions de fois avec le sang qu'il devait coûter aux générations successives» (Alexandre Mahan),
  2. «On voit l'importance de la succession par les mâles qui dissipaient toutes ces contestations» (Victor Tapié).

Nous, nous disons que c'est au contraire la prééminence systématique donnée aux hommes dans la dévolution du trône qui est la cause des contestations; en excluant les femmes issues en ligne directe, elle fait passer la monarchie à la branche cadette.

Nous rappellerons quelques faits qui montrent les discriminations dont les femmes sont l'objet dans tous les milieux.

  1. La femme de l'empereur Léopold et l'épouse de son fils Joseph furent tenues dans l'ignorance de la «disposition léopoldine»:
  2. Le fils de Charles VI, s'il avait vécu, aurait obtenu le trône sans contestation en raison de son appartenance au sexe masculin.
  3. C'est François de Lorraine, époux de Marie-Thérèse, et non elle-même, qui fut nommé gouverneur des Pays-Bas en 1736.
  4. En raison de son sexe, Marie-Thérèse ne devint pas impératrice comme ses ascendants masculins: c'est son mari qui devint le chef du Saint-Empire Germanique.

Rappelons, enfin, qu'au 19ème siècle, en Espagne, Don Carlos, frère du roi défunt, voulut ravir le trône à sa nièce, la future Isabelle II, dont la mère, régente, se réclamait de la Pragmatique Sanction. Don Carlos n'hésita pas à déclencher la guerre civile. Isabelle II (Madrid 10 octobre 1830 - Paris 9 avril 1904) finit par abdiquer en faveur de son fils et mourut en exil. Cette querelle risque même de se rallumer à nouveau en Espagne! [Texte de 1975!]

Grande-Bretagne - Décès, le 20 avril 1534, d'Elizabeth Barton (née à Aldingon, Kent, vers 1506). Mystique anglaise, elle jeta l'anathème sur les opposants au catholicisme et prophétisa la mort d'Henri VIII lors de sa séparation d'avec Catherine d'Aragon, l'incidence politique de ces malédictions amena le pouvoir à arrêter Elizabeth Barton qui fut exécutée, pour haute trahison, à Tyburn (Londres).

Indonésie - Naissance à Majong, le 21 avril 1879, de Raden Adjeng KARTINI (décédée le 17 septembre 1904 à Rembang), pionnière de l'émancipation de la femme indonésienne.

Elle réclama l'instruction des filles et s'éleva contre la polygamie. Ses lettres ont été publiées en 1911. Depuis 1913, un fonds destiné à promouvoir l'éducation des jeunes filles porte son nom.

Les «informations indonésiennes» (édition spéciale du 21 avril 1954) déclarent que «KARTINI est devenu le symbole du mouvement féministe indonésien».

Angleterre - Naissance à Southampton le 22 avril 1830 de Sarah Emily DAVIES (décédée à Londres le 13 juillet 1921). Pionnière de l'enseignement des filles, c'est elle qui obtint, en 1865, l'admission des femmes aux épreuves écrites de Cambridge; elle fut une des fondatrices du premier «collège» de jeunes filles à Hitchin; il fut transféré à Cambridge et devint le célèbre Girton College.

Rappelons que c'est seulement en 1948 que les collège féminins de Cambridge furent totalement assimilés aux collèges masculins, alors qu'Oxford avait procédé à cette égalité en 1920.

Sarah Emily DAVIES fut aussi l'une des rédactrices de la première pétition (1866) présentée au parlement britannique pour réclamer le suffrage des femmes.

Italie - Mort à Rome le 23 avril 1880 de la botaniste Elisabetta FIORINI MAZZANTI (née à Terracina le 3 juin 1799). Auteure d'ouvrages savants, elle fut membre de diverses sociétés scientifiques et de l'académie royale de Turin. Ses collections sont en grande partie conservées au jardin botanique de Rome.


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