GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de décembre 2014

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s

L'écart salarial: 20% à 25% par heure dans le secteur privé

Couverture du rapport 2014 «Ecart salarial entre les femmes et les hommes en Belgique»

Tous secteurs confondus, l'écart salarial entre hommes et femmes par heure de travail est de 10% en 2011 comme en 2010, écart en légère baisse par rapport à 2008 et 2009 (11%) et à 2007 (12%). Dans le secteur privé, cet écart se creuse considérablement: en 2011, les hommes gagnent par heure 25% de plus que les femmes s'ils sont employés et 20% de plus s'ils sont ouvriers.

Sur base annuelle, l'écart est bien plus important, quoiqu'en baisse par rapport aux années précédentes: 22% tous secteurs confondus. Ceci est dû au temps partiel, bien plus répandu chez les femmes.

Plusieurs facteurs expliquent l'inégalité des revenus: le travail à temps partiel, l'éducation, l'âge, la composition de famille, l'origine et la ségrégation sur le marché du travail. Ainsi 45,9% des femmes travaillent à temps partiel, contre seulement 10,3% des travailleurs ; 9,4% de la partie explicable de l'écart salarial est attribué à la présence (ou à l'absence) d'une nationalité étrangère. Les femmes sont davantage présentes dans les secteurs les moins bien rémunérés et leur ancienneté est moindre que celle des hommes. Mais une partie de l'écart salarial demeure inexpliqué: à formations, anciennetés et âges égaux, les femmes gagnent moins que leurs homologues masculins dans la même profession.

Douze recommandations politiques concluent le rapport de l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes: contrôler et adapter la neutralité de genre dans les classifications de fonctions, combattre les choix d'études stéréotypés, postes vacants proposés aux femmes comme aux hommes par les services de placement professionnel, éliminer les obstacles qui entravent l'accès au marché du travail (ré-insertion facile, meilleures possibilités de combiner travail, famille et vie privée), s'attaquer aux pièges à l'emploi, améliorer le congé parental et mieux le répartir entre les partenaires, des garderies abordables, de nouvelles mesures pour briser le plafond de verre, des investissements en formations, plus de transparence dans les négociations salariales individuelles, une attention accrue aux groupes vulnérables, renforcer les statistiques relatives à l'écart salarial.

Source: L'écart salarial entre les femmes et les hommes en Belgique. Rapport 2014

En France, les succès scolaires des femmes ne dopent pas leur carrière

Stéréotypes dans les jouets: la moto pour un garçon, le ménage pour la fille

En France, les femmes sont plus diplômées que les hommes, leur taux d'activité est identique chez les jeunes, mais elles sont moins nombreuses à décrocher un contrat à durée indéterminée (47 % contre 60%) et leur salaire est inférieur de 8 à 18 % selon le diplôme.

C'est ce que révèle une étude de l'Institut national d'études démographiques, lequel en impute la première responsabilité aux stéréotypes de genre subsistant dans les manuels scolaires. Ces derniers offriraient dès le plus jeune âge une représentation sexuée des activités, au détriment des femmes.

En outre, la charge des affaires privées creuse les inégalités. Les auteurs pointent le cercle vicieux: les salaires plus faibles, le temps partiel et le chômage incitent les femmes à investir davantage la sphère domestique, et réciproquement, cet investissement les éloigne du marché du travail.

Source: Christelle Hamel, Wilfried Rault, Les inégalités de genre sous l'oeil des démographes, Population & Sociétés, n°517, décembre 2014

Prendre des risques – un métier d'homme ?

Selon les dernières statistiques de l'OCDE analysées par le Boston Consulting Group (BCG), le ratio est aujourd'hui de 48 auto-entrepreneuses pour 100 auto-entrepreneurs dans le monde. L'entrepreneuriat féminin progresse, aussi bien dans les pays industrialisés qu'émergents (sauf en Inde et au Brésil). Dans les premiers, la crise et le chômage a poussé le mouvement, ainsi que des programmes incitatifs (accès aux financements et structures d'accompagnement). Dans les pays en développement, l'auto-emploi est souvent une nécessité pour les femmes. Le ratio y est de 85 femmes ayant monté leur affaire pour 100 hommes. L'accès au micro-crédit et au transport les aident dans cette direction.

Mais les femmes consacrent moins de temps à leur entreprise que les auto-entrepreneurs hommes. Certaines choisissent ce statut pour mieux équilibrer vie professionnelle et personnelle. Par conséquent, leur société dégage moins de bénéfices et les femmes embauchent moins et se paient moins que les hommes (NDLR avec les conséquences à long terme, notamment sur leur pension). L'égalité entre les genres reste donc à atteindre!

Adapté de Lysiane Baudu

En Indonésie, il faut passer un test de virginité pour devenir policière

En Indonésie, les femmes qui veulent devenir policières doivent se plier à un test de virginité. Pour Nisha Varia, directrice des Droits des Femmes au sein de HRW, "ce test est invasif et abusif. Il n'a aucune incidence sur la capacité à être une bonne policière". Au nom de la convention des Droits de la l'Homme, Human Rights Watch dénonce cette pratique jugée humiliante et discriminatoire.

Source: Marie Gathon dans www.levif.be

Ce n'est pas un enfant qui plombe la carrière d'une femme, c'est son conjoint

De nombreuses études montrent que la carrière des femmes pâtit du fait qu'elles ont des enfants. Mais une nouvelle étude réalisée auprès de 25.000 hommes et femmes diplômés de la Harvard Business School, tend à montrer que ce qui ralentit réellement les femmes, ce n'est pas leur progéniture, mais bien un mari peu coopérant. Il existe en effet une corrélation entre le fait qu'un conjoint fasse toujours passer ses ambitions en premier et une carrière peu épanouissante pour la femme. Plus de 70% des hommes s'attendaient à ce que leur carrière soit prioritaire sur celle de leur femme, et leurs attentes n'ont pas été déçues. Par contre, seules 3 à 7 % des femmes s'attendaient à ce que leur carrière passe en premier.

Dans slate.com, Jessica Grose rappelle qu'en 2005, Linda Hirshman avait donné un conseil controversé aux femmes ambitieuses: http://prospect.org/article/homeward-bound-0 épouser un homme qui a moins bien réussi qu'elles. En anglais, on parle de marry down, c'est-à-dire se marier avec quelqu'un qui a moins de «potentiel» et qui gagne moins que vous. Ce conseil est peut-être cynique, mais non éloigné de la réalité: beaucoup de femmes qui occupent de hautes fonctions dirigeantes ont effectivement un mari qui ne travaille pas.

Source: www.slate.fr/...

Être une femme coûte 1400$ de plus par an

Flacon d'une même substance, décliné en deux flacons genrés

Le marketing genré en segmentant le marché entre filles et garçons véhicule des stéréotypes, pousse à la surconsommation et inflige une taxation spécifique aux femmes. On comprend l'intérêt du marketing genré pour les marques: doubler les intentions d'achat du ménage là où auparavant un seul produit neutre suffisait, tout en proposant aux femmes des versions genrées plus coûteuses.

Ce «gender marketing» très lucratif semble s'attaquer à tous les segments de la consommation. Petit exemple: le lubrifiant genré commercialisé par la marque Empowered products; la composition des 2 produits est strictement identique, seuls l'emballage et le discours marketing diffèrent. Le produit est plus coûteux pour les femmes.

Baptisé «woman tax» (impôt sur la femme), ce supplément coûte aux femmes chaque année 1400$ aux Etats-Unis! A New York par exemple, le nettoyage à sec d'une chemise de femme coûte 4$ de plus, un emprunt hypothécaire 0,4% de plus. Une étude de l'University of Central Florida a montré qu'en moyenne les déodorants pour femmes coûtaient 30% plus chers que ceux des hommes, à composition identique, avec comme seule différence le parfum. Des différences analogues sont observables en Europe. Même l'assurance auto, seul domaine où les femmes pouvaient encore être avantagées financièrement, a dû réajuster ses tarifs suite à une directive européenne de 2004. Elles paient donc désormais le même tarif que leurs homologues masculins, alors qu'elles causent moins d'accidents.

Etre une femme coûte donc plus cher... tout en rapportant moins: aujourd'hui encore 3 femmes sur 4 en France gagnent moins que leur conjoint. Double peine donc.

Sources: tempsreel.nouvelobs.com/ - www.toutalego.com/... - www.rtbf.be/...

Femmes dans des «métiers d'hommes»: le sexisme n'est pas mort!

Femme au chantier, femme au laboratoire

Techniciennes, ingénieures, cadres: les femmes se heurtent toujours à des difficultés dans les entreprises. Hostilité, défiance, bienveillance douteuse… selon une étude du Cereq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications). Dans ces univers masculins, si la grande majorité des femmes décrivent l'attachement à leur métier et les satisfactions qu'elles en retirent, elles doivent pourtant toutes faire face à de fortes résistances.

Ainsi, les techniciennes se heurtent à l'absence a priori de légitimité des femmes dans le domaine technique. Les ingénieures, les responsables de projets ou les manageuses, subissent de plein fouet l'exigence d'une forte disponibilité liée à la fonction et, en corollaire, les difficultés d'articulation avec la vie familiale.

C'est implicitement l'accès à certaines places dans l'entreprise qui leur est ainsi contesté. De là ce sentiment de devoir sans cesse «en faire plus» ou «faire ses preuves» pour donner corps à des fonctions techniques ou managériales que d'aucuns persistent à concevoir comme «naturellement» masculines.

L'intensification du travail et la transformation des métiers viennent renforcer le sexisme préexistant dans les univers professionnels.

Source: Dominique Perez, lisez également ce document

Au Japon, le ministre des Finances blâme le fait de ne pas enfanter

Selon la presse japonaise, le ministre japonais des Finances Taro Aso, s'en est pris directement aux femmes qui ne font pas d'enfants, les rendant responsables de la dénatalité et du déséquilibre démographique.

En fait, le système n'incite pas suffisamment à devenir parents. L'indice de fécondité au Japon plafonne à 1,4 enfant par femme, quand il en faudrait 2,1 pour assurer le renouvellement des générations. La principale raison en est souvent l'anxiété à l'égard de l'avenir, la peur de ne pas avoir assez de revenus pour subvenir aux besoins d'une famille. S'y ajoute un déficit d'infrastructures et modes de garde des tout petits qui oblige une partie des mères à renoncer à leur travail. Le Premier ministre Shinzo Abe a promis la création de centaines de milliers de places en crèche dans les prochaines années et veut grâce à sa politique appelée "abenomics" inciter davantage de mères à poursuivre leur carrière professionnelle.

Source: www.lemonde.fr/...


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