GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de mai 2012

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

L'égalité homme-femme sera intégrée dans toutes les nouvelles politiques

La Région bruxelloise devra à l'avenir intégrer la donne de l'égalité homme-femme dans toutes les nouvelles politiques qu'elle entend mener. C'est du moins le sens d'un projet d'ordonnance adopté à l'unanimité par les députés bruxellois réunis en séance plénière.

Le projet a été élaboré par le secrétaire d'Etat à l'Égalité des Chances, Bruno De Lille. Lire l'article de Vers l'Avenir (16 mars 2012).

U.F. fête ses 30 ans! Appel à témoignages

Dans le cadre d'un documentaire sur les 30 ans de l'Université des Femmes, une jeune réalisatrice de talent, Julie Carlier, cherche des documents filmés, sur n'importe quel support (VHS, Super 8...) sur manifestations, réunions, événements... en relation avec le mouvement des femmes (en Belgique), depuis 1970. Bien entendu, elle vous rendra votre document sinon au centuple, en tout cas numérisé sur DVD, si vous le souhaitez. Si vous possédez un tel bijou et êtes prêt-e à le partager, contactez Julie: julcarlier @ gmail.com

Les hommes toujours mieux payés que les femmes

La publication «Femmes et hommes en Belgique. Statistiques et indicateurs de genre», présentée par l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes, au cours d'une conférence de presse à Bruxelles montre que les inégalités salariales restent toujours en défaveur des femmes (écart de 25% chez les salarié/e/s, de 17% chez les ouvrier/e/s). Mais ce n'est pas tout: plus le salaire en jeu est important, plus l'écart entre les hommes et les femmes croît. La répartition des hommes et des femmes sur l'échiquier professionnel est également déséquilibrée: parmi les femmes salariées, 44,3% d'entre elles travaillent à temps partiel, contre 9,3% chez les hommes.

Lutter contre l'écart de salaire entre les hommes et les femmes

Le Parlement fédéral a approuvé ce 8 mars 2012 une loi pour lutter contre l'écart de salaire entre les hommes et les femmes à une très large majorité (seule la NVA s'est abstenue...tiens, pourquoi?!). La loi comporte quatre volets:

  • Améliorer la transparence des rémunérations
  • Établissement d'un bilan social, dont les données devront être ventilées pas sexe, comprenant toutes formes de rémunération, étendue aux avantages extra-légaux (comme les GSM ou les voitures de société),
  • Une classification des fonctions sexuellement neutre, afin que le profil de fonction, la charge de travail, le niveau d'études déterminent le salaire sans tenir compte du sexe du salarié.
  • La possibilité de désigner un médiateur au sein de l'entreprise de plus de 50 employés. Lire plus sur l'article du Soir (8 mars 2012)

Austérité: plus exigeante pour les femmes

Les mesures d'austérité touchent de manière plus violente les femmes car, dans notre société patriarcale, la majorité d'entre elles vivent déjà des inégalités sur le plan socioéconomique: discrimination à l'embauche, faiblesse des revenus, types de contrat (temps partiel, précaire, à durée déterminée, etc.), écarts de salaire, niveau de protection sociale (chômage, pensions, etc.)…

La mise en oeuvre du principe de «dégressivité accrue» du chômage (un principe prévu lors de la formation du gouvernement) ne fera qu'augmenter l'inégalité. Les personnes comptant peu d'années de travail seront plus vite sanctionnées. Les femmes, surreprésentées dans le chômage de longue durée, en seront plus rapidement touchées.

Au total, presque la moitié des chômeurs seront touchés. Les dégâts seront immédiats pour les différentes catégories de chômeurs, et plus violents encore pour les cohabitants, qui sont majoritairement des femmes. «Concrètement, les chefs de ménage verront une diminution de 12%, les isolés une baisse de 17,5%. Les cohabitants seront les plus touchés: leurs allocations diminueront de 41,5%.»[1]

Les femmes, surreprésentées dans le chômage de longue durée et dans le statut de cohabitant (une chômeuse sur deux est cohabitante contre un chômeur sur trois), vont donc passer encore plus vite aux catégories d'allocations les plus basses, notamment le forfait de 484 euros par mois pour une cohabitante.

Voir l'article de la rtbf.

À lire... à réfléchir

Moi, Johoud, 10 ans, divorcée

«Moi, Nojoud...» l'histoire d'une petite Yéménite mariée de force à l'âge de 10 ans... à un homme adulte et qui eut le courage de demander le divorce, et de l'obtenir, malgré les coutumes archaïques de son entourage. Edition «J'ai lu» .

En Inde, où le mariage d'enfants est interdit mais reste néanmoins bien ancré dans les mentalités et la pratique, un tel mariage, conclu il y a 17 ans entre une fillette et un garçonnet âgés de 1 et de 3 ans, vient d'être annulé suite à la plainte de la jeune fille qui venait de découvrir ce «contrat» qu'elle était en passe de devoir assumer.

De nos jours où ces pratiques inacceptables ont franchi nos frontières, il est grand temps de réaliser les promesses avancées: mettre à l'agenda politique des campagnes de prévention et des structures d'aide efficaces pour sauver les jeunes filles maltraitées, parfois séquestrées ou même mises en danger par leur propre famille. Le mariage forcé n'est pas un destin acceptable, et il n'est pas une fatalité.

Il en va de même pour éradiquer les pratiques de mutilations génitales, et les différentes violences imposées aux femmes, quels qu'en soient les prétextes: jalousie, «honneur», mésentente ou respect de traditions. Aseel (Anvers) a eu plus de chances que d'autres... séquestrée et battue par ses parents et ses deux frères pour avoir refusé un mari imposé et préféré un jeune collègue non musulman... elle s'en tire avec commotion cérébrale; la famille violente écope d'une légère amende et d'une peine de prison.

Voir l'article de Vers l'Avenir (10 février 2012).

Avancée dans la lutte contre les violences entre partenaires

Depuis quelques années, la Belgique s'est dotée de plusieurs instruments pour lutter contre les violences entre partenaires (dont sont encore victimes une femme sur cinq); les deux dernières mesures législatives qui viennent d'être votées apportent: l'éloignement du domicile conjugal pour l'auteur des violences et la levée du secret pour les professionnels qui ont connaissance de faits de violence (dorénavant, toute personne soumise au secret professionnel (médecins, avocats, assistants sociaux,…) pourra, si elle le juge nécessaire, lever celui-ci et prendre les mesures nécessaires pour protéger les victimes).

Continuons: ouvrir la ligne d'écoute 7j/7 et 24h/24, octroyer plus de moyens aux refuges, introduire l'éducation à l'égalité pour tous les élèves… C'est bien aussi important que la résolution d'une équation du second degré, non?

Et aussi, peut-être: évacuons de nos Tribunaux les arguments surréalistes de certains avocats des bourreaux, comme l'article 71: l'évocation d'une «force irrésistible» qui absout l'auteur d'un crime de toute culpabilité a permis une fois de plus l'acquittement d'un homme qui avait étranglé son épouse (Cours d'Assises d'Arlon). À quand l'apprentissage pour tous d'une gestion des conflits sans user de violence? A quand les structures de prévention permettant de désamorcer les exaspérations qui conduisent à de tragiques passages à l'acte?

Les quotas ont la cote!

Des quotas pour les hauts fonctionnaires féminins vont être fixés. Il faudra alors au moins qu'un manager sur six soit une femme, dès la parution de cette mesure au Moniteur (2012). Une proportion qui est encore amenée à évoluer. Pour 2013, elle devrait atteindre au moins un tiers.

La mesure est bien nécessaire: "Malgré le fait que le pourcentage de réussite chez les femmes équivaut à celui de leurs collègues masculins, le taux de représentation des femmes dans des fonctions de management de haut et de moyen niveau (classes A3, A4 et A5) reste inférieur", note un communiqué de Milquet et Bogaert pour justifier ces quotas... jugés «humiliants pour les femmes» par la N-VA.

Notons aussi que la parité hommes-femmes dans la haute fonction publique française va être renforcée avec l'instauration d'un quota qui devra atteindre 40% de personnes du même sexe en 2018. Les députés français, qui poursuivaient aujourd'hui l'examen d'un projet de loi visant à réduire la précarité dans l'administration, ont adopté une série d'amendements du gouvernement allant dans ce sens. Sans craindre d'«humilier» qui que ce soit!

Dans le même esprit, le Sénat vient d'approuver une proposition de loi imposant que deux tiers maximum des membres du Conseil d'administration de l'Agence belge de développement, la CTB, soient du même sexe. La N-VA et le Vlaams Belang ont voté contre. On se demande pourquoi...

L'insulte

Un ministre «frère musulman» refuse de serrer la main à la Ministre de la Justice Annemie Turtelboom

Il y en par contre qui ne craignent pas d'humilier les femmes...

Le 11 avril à Rabat, le Premier ministre marocain, membre des Frères musulmans, refuse de parler à Annemie Turtelboom ministre belge de la Justice, pour ne s'entretenir qu'avec son collègue masculin, Didier Reynders, en lui signifiant qu'il n'avait pas à se faire accompagner d'une interprète! Tous les dossiers du ressort de la ministre (et ce ne sont pas de petits dossiers: l'égalité homme/femme, les mariages forcés, ou encore le retour des condamnés à des peines de prison dans leur pays d'origine comme le prévoit l'accord de gouvernement) seront finalement abordés par Didier Reynders.

Et pourquoi donc? Monsieur Reynders ne pouvait-il à son tour exprimer clairement «ses» valeurs et en particulier son attachement à l'égalité entre les sexes, en refusant cette mascarade et en rendant fermement la parole à Mme Turtelboom pour les questions qui étaient de son ressort?

L'insulte banalisée est une insulte au carré... et plus elles viennent de haut, moins il faut les tolérer. Toutes les femmes de Belgique ont été insultées à Rabat.

Lire l'article sur blog.rtl.be


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