GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de juin 2009

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

De l'urgence pour la candide Europe de se dresser face aux bigots musulmans

Ayaan Hirsi Ali, femme politique somalienne et néerlandaise, née en1969 et excisée à l'âge de 5 ans, se révolte. Elle rappelle que les années 70 ont vu un progrès notable dans l'histoire de la libération des femmes, elles brûlèrent leurs soutien-gorges, l'avortement fut légalisé presque partout et le viol au sein du mariage pénalisé. Mais qu'aujourd'hui, de plus en plus de têtes pensantes européennes, en ce compris quelques féministes, soutiennent inconsidérément qu'il serait peut-être souhaitable de respecter la culture et la religion d'une minorité. Elle accuse les groupements féministes de ne plus apprendre aux femmes à devenir autonomes, mais de s'activer pour mettre à disposition des lieux de prière et engager des médiateurs de la communauté islamique. Médiation visant un seul but: renvoyer la femme à la situation de maltraitance qu'elle avait fuie. Un outil d'émancipation a été transformé totalement afin de servir les visées de la religion musulmane. Si la femme obéit, le mari ne doit plus la battre! Les musulmans tentent d'abolir la liberté d'expression en utilisant le vocabulaire de la liberté.

Voici le terrifiant paradoxe de cette évolution: les immigrants musulmans furent admis en Europe sur base des droits et libertés universels, droits qu'un grand nombre d'entre eux piétinent de nos jours tandis que d'autres observent passivement ou tentent de seulement défendre l'image de l'Islam. Pis encore, les lobbies qui travaillent à l'abolition de la liberté d'expression et à la discrimination des juifs, des femmes et des homosexuels utilisent non seulement le vocabulaire de la liberté et mais agissent via les institutions et les cours de justice conçues pour la défense des droits de tous.

Voyez l'article original en anglais.

Fatoumata Fathy Sidibé élue aux régionales bruxelloises

Fatoumata Fathy Sidibé est élue 3ème suppléante sur la liste MR en région bruxelloise. Née en 1963 à Bamako, au Mali, elle vit actuellement à Bruxelles. Licenciée en communication sociale et en journalisme, elle a été présidente et cofondatrice de l'antenne belge de «Ni putes, ni soumises» et responsable de projets dans une association d'éducation permanente de promotion de la laïcité et de l'égalité de genre. Journaliste indépendante, elle assure la correspondance permanente en Belgique du magazine Amina tout en collaborant régulièrement avec de nombreux magazines belges et étrangers. Passionnée par la peinture et la poésie, elle signe avec Une saison africaine, son premier roman.

Les sciences ont besoin des femmes

JUMP, le blog des «femmes actives» a inséré en ce mois de juin un article rappelant les difficultés que rencontrent toujours de nombreuses femmes à accomplir une carrière scientifique; non seulement l'effet«plafond de verre» existe toujours mais l'effet «ciseaux» augmente les freins qu'elles rencontrent. Cet effet fait référence à la diminution importante du nombre de femmes en cours de carrière et à la perte continue de capital intellectuel qui en résulte. La cause principale de cette perte résiderait dans la difficulté de concilier travail de recherche et vie privée. Cette constatation a été rappelée récemment par le groupe de travail créé par la Commission européenne en 2003 avec des entreprises et des universités afin de réfléchir aux moyens d'attirer des femmes vers des professions scientifiques et de les y maintenir. Selon le rapport, si certaines entreprises et universités proposent des formules de travail plus souples, les employeurs continuent à considérer d'un mauvais œil celles et ceux qui y ont recours car ils les jugent moins dévoués au travail.

www.blogjump.eu/index.php?q=plafond+de+verre

Parcours de femmes à partir de 40 ans

Le jeudi 14 mai 2009 dernier, le Centre régional du Libre Examen organisait un colloque abordant les thèmes de grande actualité suivant: Etat des lieux de la condition de la femme dans ses multiples rôles. Emploi- Comment lutter contre les discriminations multiples sur dans l'emploi? Danièle Meulders (DULBEA). Pensions - Tant d'années de travail pour une si petite pension de retraite: comment et pourquoi? Edwige Peemans-Poullet,Comité de Liaison des Femmes, l'Université des Femmes, Conseil de l'Egalité des Chances. Monoparentalité:- Quelles sont les difficultés des familles monoparentales? Comment les femmes peuvent-elles répondre aux difficultés liées à l'adolescence? Marie-Thérèse Casman, Sociologue de la Famille et psychologue à l'ULG. Santé- Prendre sa santé en main: une approche à l'encontre desurmédicalisation? Catherine Markstein (Femmes et Santé). Épanouissement - Rôles féminins, rôles masculins: des rapports sociaux jusque dans la famille. Françoise Claude (attachée au service Études des FPS). Vie affective- Et vogue la galère??Chantal Delvaux, journaliste et sexologue. Séduction-sexualité: Au delà de cette limite, votre séduction est-elle valable? Dr Myriam Gindt, Médecin - sexologue, psychothérapeute, auteur.

Le féminisme à l'heure de la guerre globale

Dans le cadre du festival littéraire de Passa Porta, à Bruxelles, l'écrivaine égyptienne Nawal El Saadawi fut interrogée, avec un point de vue féministe, par Sarah Bracke (KUL) et Stéphanie Loriaux (ULB). Elle partagea sa vision d'un monde en chantier.

Elle déclara notamment «les femmes qui croient se libérer en se voilant sont trompées par un oppresseur. Se libérer n'est pas une question de vêtement! Les oppresseurs contrôlent nos esprits par des idées fausses, comme les «identités». Les identités (sexe, religion, ethnie, ... ) sont des prisons. Tenter d'atteindre une identité «pure» est une forme de racisme»? «Le vrai pouvoir réside dans la connaissance». «La liberté est un état d'esprit, elle ne se situe ni sur la peau, ni dans les cheveux? et le maquillage moderne n'est en fait qu'un «voile» moderne»!

A liremais en anglais: womensspace.wordpress.com

Le combat des femmes trahi!

Djemila Benhabib, auteur de «Ma vie à contre Coran», réagit à la position adoptée par la Fédération des femmes du Québec, fortement épaulée par des représentantes du Conseil islamique et Présence musulmane, lors de son assemblée générale spéciale tenue le 9 mai, en faveur du port du voile islamique dans la fonction et les services publics. «Les soldates de l'islam politique ont réussi à infiltrer la Fédération des femmes du Québec et à cancériser cette organisation de l'intérieur. J'accuse la FFQ de trahir le combat des femmes. Pour une poignée de militantes islamistes, la FFQ a sacrifié des millions de femmes musulmanes qui se battent au péril de leur vie. Aujourd'hui, il n'y a qu'un verbe qui tourne en boucle dans ma tête: j'accuse!

J'accuse la FFQ de trahir la lutte historique des femmes d'ici pour se débarrasser de l'hégémonie de l'Église catholique. J'accuse la FFQ de mettre un bâillon, (encore un! ), sur la bouche de toutes celles qui, dans le monde, subissent dans leur chair la barbarie des régimes oppressifs musulmans qui les obligent à porter ce linceul de la mort. J'accuse la FFQ de compromission avec des mouvements politiques des plus rétrogrades tels que le Conseil islamique canadien qui a mené une campagne acharnée pour l'instauration des tribunaux islamiques en Ontario ou encore Présence musulmane qui fait la promotion des thèses de Tarik Ramadan qui prône un «moratoire» sur la lapidation des femmes adultères, un châtiment préconisé par la charia islamique. Un moratoire???

Le 28 février 1994, Katia Bengana, une jeune lycéenne de 17 ans, fut sauvagement assassinée par le Groupe islamique armé (GIA) qui avait imposé aux femmes de mon pays, l'Algérie, l'obligation de porter le voile islamique. Katia était de cette trempe de femmes qui ne courbent pas l'échine. Ce jour-là, j'ai compris qu'être femme avait un prix. Ce jour-là, j'ai compris aussi que le combat pour la liberté et l'émancipation des femmes était l'un des plus périlleux. Cependant, j'étais loin de m'imaginer que cet engagement aussi ardu soit-il allait être aussi solitaire.

Lorsque j'ai rappelé aussi l'assassinat de Aqsa Parvez à Toronto, cette jeune fille de 16 ans assassinée par son père le 11 décembre 2007 parce qu'elle refusait le port du voile islamique, on me signifia que mon combat était émotif. Combien de Aqsa, de Katia faudra-t-il encore pour qu'enfin la FFQ comprenne que la bataille pour la liberté se déroule aussi, ici même, dans notre pays au sein de nombreuses familles musulmanes? Que vaut le sang de ces jeunes filles et de ces femmes? Pour la FFQ, certainement pas grand chose?».

En lire plussur pointdebasculecanada.ca/spip.php?article308

Voile: Obama désavoue des millions de Musulmanes

Le discours d'Obama au Caire a été salué pour son ouverture en rupture avec l'attitude arrogante et guerrière de l'administration Bush. Bien. Mais, dans son élan d'enthousiasme à s'attirer les sympathies des Musulmans... il a sacrifié, comme tant d'autres politiciens, l'idéal d'égalité entre les sexes.

En réaction, Catherine Kintzler (Professeure de philosophie émérite à Lille III et membre du bureau de la Société française de philosophie dont elle anime le site internet) exprime ses inquiétudes. Elle s'interroge sur les répercussions de telles déclarations sur la «liberté» des femmes musulmanes de porter le voile: «En encourageant et en justifiant le port du voile islamique, vous avez désavoué les millions de musulmanes qui ne le portent pas, vous avez réduit au silence celles qui luttent pour la liberté de conduire leur vie au péril même de celle-ci, vous n'avez même fait aucune distinction entre celles qui le portent librement et celles auxquelles il est imposé. Parmi toutes les interprétations de l'islam, et malgré votre volonté de vous adresser par ailleurs aux musulmans qui rejettent l'intégrisme, vous avez ainsi fait un choix, n'hésitant pas à vous mêler aux débats internes à une religion. A son frère qui, fort de votre autorité, lui demandera de s' «habiller correctement» et lui imposera le port du voile, que pourra désormais répondre une jeune fille de culture musulmane désireuse de ne pas le porter? Vous l'avez déjà bâillonnée, vous lui avez donné l'ordre de s'incliner, vous lui avez fait savoir qu'une résistance équivaut à un désaveu de sa religion: vous avez déjà fait d'elle, soit une renégate, soit une ombre silencieuse.

www.marianne2.fr/Voile-Obama-desavoue-des-millions-de-Musulmanes_a180600.html

Nous ajouterons que le voile, et pire encore, la burqua, sont des marqueurs d'inégalité: au-delà d'être le signe d'une religion, le voile est celui d'une pratique qui soumet les femmes à une morale sexuelle inacceptable que nul ne peut faire semblant d'ignorer. Les encouragements à autoriser le port du voile bafouent le combat de millions de femmes qui se battent pour la liberté de ne pas le porter.

© Porte Ouverte 2009

Haut de la page