GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de mai 2007

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Vie féminine et les pensions de retraite

L'association Vie Féminine lance une campagne afin de conscientiser les femmes sur l'importance des mesures adéquates et au bon moment en vue de leur future pension. Elle fait remarquer que lors de la retraite, les inégalités de revenus entre femmes et hommes s'accentuent, l'écart moyen de salaire entre hommes et femmes étant de 18% tandis que celui de la pension de retraite est de 30%. La faute en revient au modèle du système belge de sécurité sociale restant construit autour de la figure «du chef de famille» travaillant à temps plein toute sa carrière et assurant la subsistance du ménage.

Malgré les mesures prises par le Ministre des pensions, des choix culturels de vie ou des choix politiques budgétaires (insuffisances des structures d'accueil par exemple) font que les femmes n'arrivent pas en fin de carrière avec les mêmes acquis que la plupart des hommes, avec pour conséquence une autonomie limitée et un risque accru de précarité.

Plus d'information sur l'action «Pensions-y» sur www.viefeminine.be

Conseillères communales interdites de siéger

Deux jeunes liégeoises siégeant comme conseillères communales devraient choisir: materner ou siéger! En effet, la législation actuelle ne permet pas à une conseillère communale ou de CPAS de siéger durant son congé de maternité, en cause, l'article 115 de la loi relative à l'assurance obligatoire soins de santé et indemnité du 14 juillet 1994 prévoyant que pour bénéficier de son indemnité postnatale, une maman doit avoir «cessé toute activité».

En clair, la jeune mère doit choisir entre ses jetons de présence ou son revenu de remplacement versé par l'INAMI. Le directeur de l'Institut pour l'Égalité des Femmes et des Hommes confirme la discrimination, considérant que le congé de maternité est à la fois une obligation et une mesure contraignante tout en étant progressiste; mais, dit-il, «il ne faut pas que ce congé se retourne contre la démocratie et paralyse celles qui ont été élues; une modification de loi s'impose». Une proposition de loi a déjà été déposée à la Chambre; espérons que le sujet ne sera pas abandonné dans la prochaine législature.

PO revendique plus encore, et ce depuis très longtemps, afin de permettre aux mères de pouvoir participer durant leur congé de maternité à des événements, des missions ou poser des actes propices à l'avancement de leur carrière professionnelle.

Les maladies auto-immunes, maladies féminines mal remboursées.

Le colloque Femmes et Santé, organisé par le CFFB au Sénat le 19 mars, a été l'occasion d'un nouveau constat regrettable.

À l'INAMI, ce ne sont que des hommes qui décident des remboursements de médicaments. Les maladies dites féminines, comme les troubles de la ménopause, les maladies auto-immunes, les différentes algies et certains troubles douloureux typiquement féminins ne sont pas pris en compte comme ils le devraient.

On constate dès lors que les femmes n'osent pas grever le budget familial pour des traitements de confort et souffrent anormalement quand des traitements, qui sont pour elles impayables, pourraient les soulager. Le constat des spécialistes est que la grande part des frais de santé publique les salaires du personnel hospitalier, l'entretien des bâtiments etc., qui sont des coûts incompressibles.

Le seul levier sur lequel le Ministre de la Santé peut jouer pour diminuer son budget, c'est le coût et les remboursements de médicaments. Manifestement il ne s'en prive pas. La Belgique est trop souvent à la traîne pour des remboursements autorisés ailleurs.

Constats de la Plate-forme associative Créances alimentaires

Le Secal, Service des Créances Alimentaires, a pour mission, depuis le premier juin 2004, le recouvrement des pensions alimentaires. Les débiteurs n'étant pas toujours solvables, ce service a également pour mission à partir du premier octobre 2005 l'avance partielle de ces montants. Pour plus d'information:
http://minfin.fgov.be/portail1/fr/brochure/publications/pdf/BrochureAliment_2005.pdf

Une vingtaine d'associations, réunies en plate-forme, informent du bilan et pose des revendications pour un fonctionnement plus effectif du Secal.

En 2004, l'administration dénombrait 3200 demandes; en 2005, le Secal totalisait 9700 dossiers avec un pic au mois d'août 2005 lorsque le Secal «récupère» les dossiers gérés jusque-là par les CPAS. En 2006, le nombre des demandes atteint un total de 25000. Alors que 150000, voire 170.000 familles sont concernées! 95% des demandeurs sont des femmes. Dans 62% des cas, il faut plus de dix jours entre le dépôt d'un dossier et son encodage (problèmes pour fournir son titre revêtu de la formule exécutoire). Seulement 3% des demandes reçoivent une réponse négative du Secal. Dans 86% des cas, les débiteurs d'aliments ne réagissent pas dans les 15 jours impartis au courrier de l'administration les informant qu'une demande est introduite contre eux (le Sécal est attaché au ministère des Finances).

Sur 110 millions d'euros à récupérer en 2006, le SECAL n'en a récupéré que 6,5 millions. Sur 25000 demandes au Sécal en 2006, moins de la moitié bénéficient du paiement d'avances mensuelles sur contributions alimentaires impayées (à peine 500 nouvelles demandes en plus des dossiers transmis par les CPAS). Le montant moyen des avances mensuelles tourne autour de 100? par enfant. La «capacité budgétaire» du Secal n'est que de 15 millions par an, soit des avances pour 12000 enfants si toutes ces avances étaient «à fonds perdus» c'est-à-dire dans l'hypothèse où leurs débiteurs sont tous insolvables!

Ce Service public, si longtemps attendu, manque cruellement de «publicité» autour de son existence d'une part, des missions qu'il assume d'autre part (voir ci-dessous). Aucune campagne officielle d'info n'a été diffusée mais une maigre information sur le site du SPF-finances et d'un numéro vert méconnu (0800-12302). Les services sociaux, les acteurs du monde judiciaire sont démunis d'information alors qu'ils sont en première ligne, au contact avec le public concerné! TOUS les créanciers d'aliments, sans limite de revenus, peuvent demander l'aide du Secal dans la récupération des arriérés de pensions alimentaires non perçues!

La plupart des créanciers d'aliments confrontés aux retards et aux absences de paiement des pensions alimentaires sont la plupart du temps épuisés par leurs tentatives infructueuses pour récupérer leur dû. Leur lutte quotidienne vise surtout à assurer la survie de leur famille.

http://www.creances-alimentaires.be/fr/

La Porte Ouverte soutient la Marche mondiale des Femmes

La Marche Mondiale des Femmes a organisé une journée de réflexions et de témoignages sur tous les problèmes mobilité, emplois, violence, santé, handicaps... le 8 mars au Parlement bruxellois, rue du Lombard. Nous en avons reçu les «Actes» dont nous prélevons quelques informations sur ce qu'est la Marche Mondiale.

Le réseau est né en 1996. La MMF-WVM est rapidement devenue un mouvement mondial incontournable dès 2000. Plus de 6000 groupes de femmes à travers 163 pays et territoires du monde se sont réunis. La Belgique a accueilli la Marche Mondiale Régionale Europe, où plus de 30000 femmes venues de différents pays européens se sont rencontrées à Bruxelles.

En 2002, le parlement fédéral des femmes fut tenu, une première qui donnait vraiment le ton sur la capacité des femmes à organiser leurs revendications. Les coordinations nationales et régionales ont continué à travailler. Une Charte Mondiale des Femmes pour l'Humanité, élaborée par les groupes et associations membres, basée sur les valeurs d'égalité, de liberté, de solidarité, de justice et de paix, a été approuvée au Rwanda le 10 décembre 2004.

Pour y rajouter une dimension régionale, une Coordination a vu le jour en janvier 2005 à l'initiative de la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial. Rapidement plus de 20 associations féminines bruxelloises se sont réunies autour d'une charte de huit revendications. Elle a été déposée au Parlement bruxellois le 8 mars 2005 dans le cadre des marches à relais de la Marche Mondiale des Femmes.

A l'issue de cet événement, le souhait d'assurer une suite à ces revendications par ailleurs très bien accueillies par les parlementaires présent-e-s, a stimulé l'organisation d'une concertation citoyenne à travers un parlement des femmes, ce qui fut fait le 8 mars 2007. On attend les retombées politiques des revendications constructives qui ont été exposées.

Téhéran emprisonne les femmes qui réclament l'égalité

Simone Susskind, présidente de «Actions in the Mediterranean», et un groupe d'expertes Marocaines, Turques et Belges ont, en collaboration avec Amazone, organisé un certain nombre de séminaires dans les pays méditerranéens dès début 2006, dans le but d'échanger des informations sur le statut de la femme dans la famille, leur participation à la vie économique et dans la prise de décision politique.

Elles s'insurgent contre Téhéran qui a arrêté à plusieurs reprises et fort violemment, en 2007, des groupes de femmes activistes demandant pacifiquement l'égalité des droits entre hommes et femmes. Ce groupe d'expertes internationales ne peut admettre ni comprendre que Téhéran les aient arrêtées et emprisonnées comme des criminelles.

La Pologne condamnée pour son intransigeance

En obtenant gain de cause contre l'État, Alicja Tysiac incarne la lutte pour le droit à l'avortement. En effet, une interruption de grossesse n'est actuellement possible en Pologne qu'en cas de mise en danger de la santé de la mère, de malformation du f?tus, d'inceste ou de viol. Le certificat médical autorisant l'avortement n'est toutefois pas toujours délivré par les médecins, soit par conviction personnelle, soit par peur de se tromper car un avortement non justifié peut entraîner la prison pour le praticien.

Une mère de deux enfants en a fait l'expérience, n'ayant pu avorter bien que son médecin, ophtalmologue, craigne que sa troisième grossesse ne la rende aveugle. Aujourd'hui, à la suite d'une vue fortement détériorée, elle a porté plainte auprès de la Cour européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg, démarche inédite pour une polonaise. Le verdict, qui vient de tomber, condamne l'État à lui verser une forte indemnité au titre de préjudice moral. Alicja Tysiac a déclaré que son but était de montrer que même l'avortement thérapeutique n'est pas respecté en Pologne.

La Fédération des Femmes ajoute que onze polonaises ont témoigné de cas semblables; plusieurs journaux conservateurs ont déjà diabolisé la plaignante, radicalisant encore plus le débat sur le droit à l'avortement.

Madeleine Pelletier, première Française diplômée en psychiatrie

Née en 18 mai 1874, elle étudia, pour finalement le contester, le rapport entre la taille du crâne et l'intelligence suivant les théories de Paul Pierre Broca qui sous-entendait en effet une intelligence moindre des femmes. C'est en 1906 qu'elle arrêta l'anthropologie pour se consacrer à la psychiatrie pour devenir la première doctoresse interne dans un asile d'État.

Parallèlement, elle devint secrétaire d'une organisation des plus radicales appelée «La Solidarité des femmes.» qu'elle représenta à Hyde Park lors d'une manifestation pour le droit de vote. Très engagée à gauche politiquement, elle soigna cependant les combattants de toutes origines au sein de la Croix Rouge. S'habillant en homme, cheveux courts, refusant tout rapport sexuel, on taxa son comportement d'atteinte à l'identité sexuelle.

Elle abandonna le communisme pour l'anarchisme en 1926 et eut par ailleurs des problèmes avec sa loge «La Nouvelle Jérusalem» car elle militait pour la contraception et l'avortement. Elle en pratiqua d'ailleurs elle-même, même après une paralysie partielle en 1937. Elle fut l'auteure de nombreux ouvrages, dont certains féministes. Elle mourut en décembre 1939. (Source Wikipédia).

© Porte Ouverte 2007

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