Bulletin d'avril 2006

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Le Lobby européen des Femmes et nous

PO est membre du LEF, organisation non gouvernementale rassemblant plusieurs milliers d'organisations en Europe, dont le but est de promouvoir et garantir l'égalité et sa prise en compte dans toutes les politiques de l'Union européenne.

Nous relayons et appuyons sa récente déclaration à la Commission des Nations Unies sur le statut de la femme 2006. Entre autres, lorsqu'il demande une approche intégrée pour réaliser l'égalité femmes-hommes dans la prise de décision.

Toute une série de mécanismes conduisent à la sous-représentation des femmes dans la prise de décision dont

• la subordination économique des femmes: des ressources économiques, sociales et culturelles sont nécessaires pour atteindre les postes décisionnels;
• des facteurs symboliques liés aux rôles femmes-hommes: la prise de décision reste considérée comme un domaine masculin et la répartition des tâches à la maison répond toujours à des stéréotypes de genre;
• les institutions, les lois et le fonctionnement électoraux: les systèmes électoraux, le cumul des mandats, le rôle des partis politiques, etc.;
• les structures économiques et sociales, notamment l'absence de services abordables en matière de garde des personnes dépendantes, érigent des obstacles supplémentaires.

Le LEF presse l'ONU et ses États-membres de mettre en œuvre un plan concerté incluant les différents domaines et acteurs politiques concernés afin de lever les obstacles actuels. Il conclut «qu'il est de la responsabilité de la société et de l'État de changer la manière dont la politique et les autres structures sociales fonctionnent. Les quotas ou la démocratie paritaire constituent une manière de compenser les écueils que rencontrent les femmes.»

Toutefois, la démocratie paritaire ou la représentation égale des femmes et des hommes dans la prise de décision n'implique pas seulement un rattrapage numérique: condition indispensable du changement vers l'égalité, elle implique une modification profonde du contrat et des structures sociaux qui depuis des siècles assignent des rôles différents aux femmes et aux hommes. Le Groupement belge de la Porte Ouverte se réjouit de voir relayer ici par le LEF un des points clés de ses revendications.

Femmes cadres?

En fin d'année dernière, un grand quotidien belge publiait une interview d'Annie CORNET, professeure de «gestion des ressources humaines et management des organisations» à l'Université de Liège. Elle soulignait que les femmes cadres étaient de plus en plus nombreuses tout en ajoutant une réserve: «surtout aux fonctions intermédiaires, et plus on monte dans la hiérarchie, plus elles sont sous-représentées». Dans à peine 14,5% des entreprises seulement, souligne le secrétariat social SD WORX, les comités de direction sont réellement mixtes: le «plafond de verre» qui s'oppose à l'ascension professionnelle des femmes a la vie dure..

En ce qui concerne les différences salariales, A. Cornet constatait que «la discrimination est encore notoire même lorsque les barèmes sont appliqués, car des hommes bénéficient de primes liées par exemple à la flexibilité (pas la même que celle des caissières!), à leurs responsabilités spécifiques dans des domaines comme la finance, l'informatique?

Selon une récente enquête de l'INSEE, le différentiel entre le salaire mensuel brut des hommes et des femmes serait de 16% en Belgique (contre 24% en France).

D'après SD WORX, dès que le cap des 2 500€ est franchi, on observe une montée en puissance des hommes; dans la catégorie la plus haute (plus de 6 000€) on compte une majorité écrasante d'hommes (89%).

Malgré les avancées, les femmes cadres restent victimes des stéréotypes et «d'effets de systèmes»; elles ne se voient pas offrir les mêmes opportunités de carrière que leurs homologues masculins. Elles paient aussi le prix de la «ségrégation horizontale» en étant souvent cantonnées dans des directions d'appoint telles les ressources humaines, la communication?

Un sociologue donne une des raisons de cet état de fait: «En tant que femmes, elles peuvent heurter par leur seule présence les conceptions sociétales de certains décideurs».

Un commentaire parmi d'autres possibles: voilà qui éclaire aussi comment la prostitution et le commerce sexuel, ainsi que le commerce de «la beauté et des apparences» peuvent influencer négativement l'emploi des femmes. De manière générale, toutes formes de stéréotypes de genre (images, slogans, humour sexiste?) contribuent à freiner la totale émancipation des femmes et la véritable mixité de la société. Voilà pourquoi nous revendiquons que la diffusion de ces stéréotypes soit systématiquement combattue.

Le Parlement Européen contre l'homophobie

Dans une résolution adoptée le 18 janvier, les membres du PE demandent aux États-membres de garantir le respect des partenaires de même sexe en condamnant fermement la discrimination basée sur l'orientation sexuelle en matière d'emploi et en pressant la Commission de lancer une procédure d'infraction à l'encontre des États-membres qui n'appliquent pas la directive sur l'égalité de traitement en matière d'emploi et de travail . Les membres ont voté une résolution condamnant l'homophobie en Europe.

Nous aimerions qu'une résolution européenne condamnant toute forme de misogynie, de mise sous tutelle d'un sexe par l'autre et la diffusion de propos sexistes soit aussi fermement proclamée.

Le Parlement Européen et la traite des femmes et enfants

Le PE a adopté une résolution relative aux stratégies de prévention de la traite des femmes et des enfants qui sont vulnérables à l'exploitation sexuelle.

Cette résolution met en évidence le «triangle de la traite» à savoir, le trafiquant, le client et la victime. Le PE demande une base légale claire pour combattre toutes les formes de violence à l'égard des femmes y compris la traite. Il propose aussi des actions pratiques comme des campagnes de sensibilisation afin de sensibiliser les personnes vulnérables dans leur pays d'origine mais aussi le grand public au sujet des horreurs cachées de l'engrenage.

De plus, la résolution lance un appel aux membres et spécialement à l'Allemagne pour que les pays concernés adoptent des mesures appropriées pour la coupe mondiale de football 2006 afin de prévenir la traite des femmes et la prostitution forcée.

Une pétition circule actuellement dans plusieurs pays pour dénoncer et tenter de stopper ce commerce du sexe autour des stades, le considérant avilissant pour tous les protagonistes et, hormis les enjeux financiers, fort peu en adéquation avec l'esprit sportif.

Who makes the news?

Ce titre est celui d'une campagne organisée avec le soutien de l'UNIFEM et de l'UNESCO et vise à promouvoir l'égalité dans les médias en mettant au défi les médias d'actualité de prendre des mesures substantielles et immédiates afin de garantir qu'ils représentent les femmes et les hommes de manière juste et équilibrée.

Durant cette campagne organisée du 16 février au 8 mars, des centaines de personnes mobilisées en matière de genre et de médias, organiseront des activités utilisant les résultats mondiaux, régionaux et nationaux de la «Global action on gender and the media 2005» afin d'établir un dialogue avec les médias d'actualités pour garantir que les femmes ne soient plus marginalisées. www.whomakesthenews.org

Pour de meilleures statistiques

En janvier de cette année, la Division statistique des Nations Unies a rédigé un rapport intitulé «Les femmes dans le monde»; ce rapport fournit aussi un modèle pour améliorer la disponibilité des données dans les domaines démographique, sanitaire, éducatif, de l'emploi, de la violence envers les femmes, de la pauvreté, des droits humains et de la prise de décision.

L'ONU demande aux États-membres de s'en inspirer pour organiser une collecte plus efficace des données afin d'améliorer la vie des femmes grâce à une meilleure visibilité statistique. En Belgique, l'Institut wallon d'Évaluation, de la Prospective et de la Statistique (IWEPS) a réalisé, conjointement avec le Conseil wallon de l'Égalité entre Hommes et Femmes, un portrait statistique des femmes et des hommes en Wallonie en 2005. statistiques.wallonie.be

Femme à l'honneur

Ellen Johnson Sirleaf est devenue ce 16 janvier 2006 la première femme présidente élue démocratiquement en Afrique. Cette économiste de 67 ans a obtenu 59,4% des voix, le 8 novembre 2005, au Liberia, à la sortie d'une guerre civile qui a duré plusieurs années.

ADA, les femmes et l'informatique

ADA vient d'éditer trois outils destinés à promouvoir les technologies de l'information, domaine souvent considéré comme «typiquement masculin». Le projet ne concerne cependant pas uniquement les femmes, car la fracture numérique ne les touche pas exclusivement. Ces outils sont disponibles gratuitement à www.ada-online.be

• «Cherchez la fille» est une brochure bilingue (34 pages en français et autant en néerlandais) discutant des raisons de la rareté des femmes dans les professions informatiques et proposant des débuts de solution.
• «Informatisons! - Wegwijs in informatica!» est une brochure bilingue de 2 fois 12 pages, accompagnée d'un CD explorant les métiers en rapport avec les nouvelles technologies.
• «Cybersoda» est un support pédagogique multimédia (Internet, hardware, manipulation d'images, création de sites...) développé à l'intention de toute personne désirant animer des ateliers de sensibilisation et d'exploration de l'informatique destinés aux adolescent-e-s. Il est accompagné d'un CD de logiciels pour l'environnement Windows et Macintosh, mais aussi d'un CD Linux «Live» qui permet d'explorer les applications sans rien installer sur le PC (128 Mo de RAM sont nécessaires, ainsi qu'un processeur pas trop lent).

www.ada-online.be/cybersoda

Vie Féminine et «Pécéphobie»

Vie Féminine a octroyé le prix de la réalisation la plus sexiste de l'année 2005 à la campagne de sensibilisation à l'informatique «Pécéphobie» du Ministre de l'Informatisation SPa Van Velthoven (Le Soir du 14-3-2006).

© Porte Ouverte 2007

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