GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de janvier 2006

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Assemblée générale

Nous convions tous nos membres en ordre de cotisation à notre prochaine Assemblée générale statutaire annuelle, qui se tiendra le mardi 28 février 2006 à 18h30, local H2.165 du bâtiment H, ULB avenue Héger, Campus du Solbosch. Les personnes (H/F, membres de PO) désireuses de se porter candidates pour devenir membre de notre Comité sont invitées à nous le faire connaître par écrit; celles qui désirent soutenir une candidature nous le communiqueront en nous renvoyant pour le 15 février le formulaire ci-joint complété et signé.

Du travail et des chiffres: petit rappel

Le quotidien gratuit «Metro», publié à plusieurs milliers d'exemplaire, donnait en décembre 2005 dans son encadré «le chiffre du jour: 2,41» que le salaire brut moyen par heure des hommes est supérieur de 2,41€ à celui d'une femme qui fait le même travail. Les hommes représentent 56% du travail du marché rémunéré, mais ils encaissent 65% de la masse salariale.

La première «Générale» de l'armée belge

Danielle Levillez, pharmacienne de formation, a été élevée au grade de générale de brigade et nommée au commandement de la composante médicale, une des quatre composantes de l'armée belge. Déjà la première femme à avoir été nommée colonelle en 2002, Danielle Levillez est vice-présidente du comité évaluant la place des femmes dans l'Otan.

La féminisation de la profession médicale

Le journal LE SOIR du 4 décembre 2005 titrait «La féminisation de la profession (de médecin) complique la planification du nombre de médecins».

Le journal relatait entre autres un témoignage confirmant «un désintérêt des nouvelles générations pour la médecine générale particulièrement hors des villes». Paradoxe disait-il car en juin 2005, alors que le numerus clausus impose un quota strict, toutes les places de généralistes n'ont pas été pourvues en Communauté française. «Cette tendance est accentuée par la féminisation du métier de médecin. Aujourd'hui les auditoires de médecine comptent 6 filles pour 4 garçons. Mais la moyenne d'heures de travail prestées est très différente: d'après une étude de l'École de santé publique de L'ULB, les médecins mâles de 45 ans avoisinent les 5000 heures annuelles pour 2200 heures pour leurs consœurs. Rien de vraiment étonnant à cela: le temps partiel choisi permet aux médecins féminins de «moins mal» concilier vie professionnelle et vie familiale. Certaines disciplines comme la dermatologie ou la pédiatrie, parce qu'elles se prêtent mieux à une pratique à domicile, seront bientôt quasi exclusivement pratiquées par des femmes. De plus, une partie importante des nouvelles générations de médecins, hommes ou femmes, sont réticentes à un régime de disponibilité permanente pour leurs patients, quitte à renoncer à une partie des revenus qui y sont liés»

Un commentaire: faut-il être choquée par le commentaire du journaliste comme s'il allait de soi que ce sont toujours les femmes, mêmes à un niveau de responsabilités et de professionnalisme comme ceux des docteur-e-s en médecine, qui doivent et souhaitent mieux «concilier» ou par le fait que, elles normalement auraient les moyens de se faire aider matériellement même pour la garde des enfants alors que beaucoup d'autres femmes n'ont ni les moyens ni une position sociale et financière suffisantes pour oser affirmer qu'elles exigent de partager la «conciliation» avec leur conjoint?

Autre commentaire: l'article ne dit pas ce que l'étude conclut à propos de la spécialisation en gynécologie. Alors qu'il nous paraît que cette profession qui concerne le corps des femmes et les décisions majeures qui parfois s'imposent (exemple avorter ou non, ligaturer ou non) devrait très majoritairement exercée par des femmes, il y a toujours une majorité de gynécologues masculins, d'une part, les places à l'entrée de la spécialisation faisant souvent l'objet de «parrainage» intensif et d'autre part aucune solution n'est apportée aux femmes qui doivent quitter leur domicile la nuit pour un accouchement alors qu'elles n'ont pas de conjoint disposé à prendre en charge les petits enfants et la gestion familiale pendant leurs heures de travail! A quand une solution?

Télétravail: solutionmiracle ou «effet pervers»?

La revue informatique «ADA» spécialisée en matière de «femmes et informatique» publiait en décembre 05, les résultats d'une enquête ECATT et d'une autre menée par la DARES, qui entre autres abordait la question de savoir si ce mode de travail était utilisé par les femmes dans le but de concilier, travail professionnel et travail domestique.

L'enquête ECATT révélait que le télétravail était principalement pratiqué par des hommes et de haut niveau de qualification principalement entre 30 et 39 ans surtout dans le secteur des services aux entreprises. Alors que l'opinion serait plutôt d'y voir principalement des femmes, seules des femmes ayant des enfants de moins de 6 ans étaient renseignées par l'enquête.

Cette constatation n'était pourtant pas confirmée par l'enquête de la DARES qui concluait que «la probabilité qu'une femme soit télétravailleuse ne dépend pas du fait qu'elle ait des enfants ni de leur nombre éventuel et qu'elle semble infirmer l'hypothèse, parfois avancée, que les femmes choisiraient le télétravail pour mieux concilier vie professionnelle et vie familiale»

L'enquête menée de 2000 à 2002 à travers le projet européen «Families, work and IST» montre que si la femme qui télétravaille a pour objectif de réduire le temps de trajet et d'introduire plus de souplesse dans son emploi du temps pour mieux assumer les tâches domestiques, elle assumera encore plus qu'auparavant ce type de tâche: «ce n'est pas étonnant: si le télétravail est envisagé pour permettre une meilleure prise en charge des tâches domestiques, il va par définition requérir un investissement plus important en temps dans la gestion domestique par les femmes salariées.» Par contre, si c'est un homme qui télétravaille, on constate aussi une augmentation du temps consacré à la vie domestique bien que le plus souvent pour l'homme, ce sont des raisons liées au travail qui justifient le choix du télétravail.

Si le télétravail est choisi par un homme salarié comme moyen de réduire le temps de trajet, il amènera souvent un meilleur équilibre dans le couple. Il semblerait donc que si certaines formes de télétravail facilitent la gestion du temps entre famille et travail, la renégociation de la répartition des tâches dans le couple aille dans le sens de l'équité entre les sexes, seulement si le télétravailleur est un homme.

Deux physiciennes remarquables

Une jeune femme belge, ingénieure et astrophysicienne, Sophie Van Eck, vient de recevoir, fin d'année 2005, le prix Stroobant (Académie royale des Sciences de Belgique) pour les premières observations jamais réalisées d'étoiles à plomb, étoiles lourdes apparemment exceptionnelles relativement à nos moyens d'observation. Ces étoiles particulières ont une structure permettant aux atomes de fer de capter de plus en plus de neutrons, pour finalement produire des noyaux très lourds, dont le plomb.

Écologiste de renommée mondiale, l'Indienne Vandana Shiva lutte pour le droit des paysans de l'hémisphère sud, pour la préservation de notre terre, contre la biopiraterie (brevets de multinationales permettant l'appropriation du vivant et des ressources naturelles).

Physicienne de formation, elle a créé la Fondation pour la Recherche en Science, Technologie et Écologie en Inde. De passage à Bruxelles, elle disait entre bien d'autres vérités, que «des agricultrices indiennes ayant tout perdu de leurs ressources à la campagne, lui ont dit qu'elles allaient au marché pour vendre la seule chose qui me reste, mon corps? (un rein par exemple est vendu environ 450 euros) afin de rembourser leurs dettes.»

Lire: la collection «Pensée féministe»

Nombre de nos membres connaissent déjà les nombreuses activités féministes de l'Université des Femmes? L'Université des Femmes rassemble des féministes avec la volonté de développer et de diffuser un savoir féministe accessible à tous et à toutes. Ses travaux et recherches portent sur l'actualité socio-politique en lien avec les femmes. Les principales activités de l'Université des Femmes sont la construction d'un savoir féministe et de la bibliothèque féministe Léonie La Fontaine. Depuis 1982, elle publie sa remarquable «Chronique féministe» qui traite régulièrement d'un thème de société dans une perspective féministe et informe des événements et des luttes de femmes d'ici et d'ailleurs.

L'Université des Femmes annonce à présent la parution de sa nouvelle collection «Pensées féministes». Elle vient de publier dans cette nouvelle collection: «Quelles vieillesses pour les femmes» (photo ci-contre) et «Familles? attachantes?»

Ce dernier recueil d'exposés «scrute les principaux éléments d'une contradiction intense propre à la condition des femmes et par conséquent au mouvement féministe. Il part de la constatation que ce sont les femmes qui, concrètement «font» la famille, que les femmes, féministes ou non, sont très attachées aux structures et relations familiales mais qu'en même temps, comme le montrent les féministes, la famille est un pilier de l'oppression des femmes, un foyer de relations arbitraires, parfois violentes, et que la charge des responsabilités familiales, toujours si inégalement partagées, est une source de l'infériorisation des femmes dans la vie professionnelle, sociale et politique.» Site: http://www.universitedesfemmes.be/

© Porte Ouverte 2007

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