GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin d'octobre 2005

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Fin de carrière et sexisme

Certains membres du gouvernement belge proposent actuellement de retarder la fin de carrière en exigeant 40 ans d'ancienneté de travail avant de pouvoir s'arrêter de travailler.

L'ONEM, sur base de projections, a publié des chiffres alarmants. Actuellement, la pré-pension «classique» est octroyée à partir de 58 ans aux salariés et salariées qui comptent au moins 20 ans de carrière. Si le délai d'ancienneté était relevé à 40 ans, 70% des hommes et 84% des femmes seraient privés de pré-pension.

La raison de cette situation pour les femmes résulte du choix ou de l'obligation du travail à temps partiel; ainsi dix ans de travail à mi-temps ne comptent que pour cinq ans d'ancienneté.

Or nous constatons malheureusement que le temps partiel est imposé aux femmes dans une série de secteurs ou il est choisi soit à cause des mentalités et des rôles traditionnels soit à cause des difficultés à concilier vie professionnelle et vie familiale (à nouveau ce sont les femmes qui doivent chercher à concilier ce qui est très rarement le cas des hommes).

Il faut aussi savoir que les années de chômage ou d'interruption de carrière sont prises en compte pour calculer la pension MAIS LE SONT MOINS POUR LA PRé-PENSION; dans ce cas, elles ne sont «assimilées» qu'à raison d'un total de 3 ans calendrier. Les chômeurs et chômeuses qui, après avoir été salarié(e)s, sont victimes d'un chômage de longue durée perdent de manière importante leurs droits à la pré-pension.

Les femmes qui sont rares à bénéficier d'une pré pension sont presque à égalité avec les hommes chez les chômeurs âgés. Dans toutes les simulations elles sont davantage victimes d'une réforme.

Si on reporte l'âge minimum de 50 à 52 ans, les bonus d'allocations seront retirés à 19% des HOMMES et à 29% des FEMMES. Si on relève l'ancienneté requise de 20 à 30 ans par exemple, une perte financière importante s'ensuivra pour la moitié des hommes mais aussi pour 2/3 des femmes concernées; si on exige 54 ans et 30 ans d'ancienneté, le bonus disparaît pour 82% des HOMMES et 90% des Femmes.

Alors en conclusion, que dire? Restons vigilantes et solidaires!?

Projet de garde alternée

La Chambre des députés et députées examine depuis mai 2005 le projet de loi, déposé par L. ONKELINX, Ministre de la Justice, relatif à la garde alternée des enfants en cas de divorce.

Précédemment les tribunaux privilégiaient de confier la garde à la mère, accordant un droit de visite au père avec garde des enfants un week-end sur deux.

Actuellement l'hébergement alterné a de plus en plus de succès mais n'est envisagé que lorsque les deux parents sont d'accord.

Le projet de loi a pour but d'éviter que le parent qui demande la garde alternée doive démontrer la pertinence de sa demande.

Celui ou celle qui s'y opposera devra prouver en quoi la solution est inappropriée.

Les chiffres disponibles montrent que seule une minorité de pères (moins de 30%) demandent la garde alternée mais que s'ils font cette démarche les juges la leur accordent en général.

Avec la montée de quelques mouvements d'hommes «masculinistes» qui d'ailleurs essaient maintenant de se faire appeler «humanistes», nous sommes en droit de nous interroger sur les intentions véritables de CERTAINS des hommes qui REVENDIQUENT cette garde alternée! Ne serait-ce pas une arme contre leur «ex», contre les femmes qu'ils considèrent avoir trop de pouvoir?

Pour mémoire nous pouvons, en parallèle, souligner que de nombreuses pensions alimentaires restent impayées, que les mères ont parfois été victimes de leur mari omnipotent?

Le débat sera animé et peut-être pas toujours au mieux des intérêts de l'enfant!

Prix INANNA

L'association Inanna a notamment pour mission la promotion des droits et de l'émancipation de toutes les femmes et en particulier les femmes issues des populations migrantes mais aussi le développement de la solidarité entre toutes les femmes et la valorisation de l'expression politique, intellectuelle et artistique des femmes.

En collaboration avec Amazone, l'ASBL lance un prix qui récompensera tous les 2 ans une femme qui par ses écrits ou ses actions milite pour l'avènement d'un monde plus juste, pour la répartition équitable des ressources de la planète et qui porte en même temps le combat du respect des droits des femmes au coeur de son engagement.

Le prix sera octroyé le 16 octobre à NAWAL EL SAADAWI, écrivaine et féministe égyptienne qui fut précédemment conseillère aux Nations Unies pour le programme d'aide aux femmes en Afrique et au Moyen-Orient. Comme souligné avec humour sur le site http://www.afrik.com/article4622.html «Nawal El Saadawi a commis toutes sortes de crimes: elle a écrit 27 livres - des nouvelles, des romans, de la poésie, des essais - ainsi que des articles qui «encensent la liberté». Elle avoue des penchants philosophiques et revendique sa condition de «femme libre à une époque où l'on ne tolère que les esclaves». Pour tout cela, Nawal El Saadawi, médecin et écrivain égyptien reconnu, est appréhendée à son domicile du Caire le 6 septembre 1981 et emmenée à la prison des femmes de Kanater?».

Discrimination

L'entreprise Volvo a été condamné à verser 4.300 euros de dommages et intérêts à une ouvrière à qui le constructeur automobile avait refusé un emploi sous prétexte que «pour des mesures de sécurité, les ouvriers travaillant à la chaîne de montage doivent mesurer 1,63 m minimum et 1, 95 m maximum».

Or, la jeune femme qui avait postulé et essuyé un refus, mesurait 1,60m.

Une publication du CARHIF

Plusieurs de nos membres (Eliane Gubin, Catherine Jacques, Leen Van Molle) ont participé à la rédaction d'un livre à l'initiative du CARHIF sur le thème «Des femmes qui changent le monde - Histoire du Conseil international des femmes» 1888-1988

Pour se le procurer, contacter: info@racine.be

Retour à l'exposition «175 ans de la Belgique»

Suite à notre visite de l'exposition «175 ans de l'histoire de la Belgique»; nous avions déjà mentionné que cette exposition, plus tape-à-l'oeil qu'historiquement documentée, n'était pas, comme l'annonçait la publicité, riche en témoignages ou hommages aux femmes belges connues; cependant nous attirons l'attention de nos lecteurs sur la photo (publiée dans le bulletin de septembre) du panneau reprenant les grands noms de l'histoire de l'émancipation des femmes en Belgique, parmi ces dernières nous avons eu le plaisir de voir la photo de la créatrice du groupement international de la PO et créatrice de notre mouvement belge PO: Louise DE CRAENE-VAN DUUREN.

Les 100 plus grand(e)s belges

Parlons encore photos mais cette fois pour dénoncer un camouflet de plus à l'encontre des femmes: un grand quotidien publiait en début de mois les photos des 100 «plus grands belges» selon un sondage réalisé parmi les belges francophones.

Plusieurs constatations doivent choquer les féministes.

Parmi les 10 premiers classés, une seule femme (Soeur Emmanuelle), représentante parfaite d'une forme de l'idéal type de la femme dans une société machiste et dominée par les dogmes religieux: lire à ce propos «les quatre femmes de dieu: la putain, la sorcière, la sainte et Bécassine» de Guy Bechtel.

Les femmes suivantes viennent à la 14ème place et il s'agit d'une sportive: Justine HENIN; à la 26ème place: ANNIE CORDY, à la 27ème place une écrivaine, MARGUERITE YOURCENAR mais il faut attendre la 48ème place pour trouver une femme qui a fait parler d'elle pour son courage et sa résistance à l'oppression, il s'agit d'EDITH CAVELL, infirmière et grande résistante exécutée par les occupants allemands en 1915. La première femme citée pour son intelligence scientifique et ses apports au progrès est 74ème, il s'agit de LISE THIRY qui a fait des recherches et découvertes en virologie. Une seule femme connue comme ayant fait progresser l'émancipation des femmes et elle se retrouve à la 88ème place, il s'agit d'Isabelle GATTI DE GAMOND (1839 -1905) pédagogue qui a créé et dirigé un établissement scolaire ouvert aux filles

Nous constatons également que parmi l'ensemble de ces noms, 34 sont ceux d'«amuseurs publics» toutes catégories confondues: chanteurs et chanteuses, comédiens et comédiennes, sportifs et sportives, auteurs de bandes dessinées, dessinateurs humoristiques et «pompon» sur POMPILIO créateur loufoque de chapeaux, qui se place avant Gabrielle PETIT ou I. GATTI de GAMOND! Pauvre humanité, toujours «du pain et des jeux»!

Formation au WENDO

Nous pouvons aussi utiliser nos temps libres à des types d'activité qui nous apporterons un plus; il en va ainsi par exemple, de la participation à des formations au WENDO.

L'asbl D-CLIC organise des informations et des stages pour vous dans chaque région à la demande (renseignements au 04/224.04.95 ou via wendo@skynet.be).

Pourquoi le WENDO?

Parce qu'il nous permet de nous protéger de la violence avec l'apprentissage de techniques d'auto- défense physique et verbale, de reprendre confiance en soi, de réagir à l'agressivité?

On ne répétera jamais assez que l'égalité passe aussi par l'affirmation de soi, et la capacité de se défendre et se faire respecter, tant sur le plan de son intégrité physique que vis à vis d'attitudes sexistes et machistes (que ce soit sur leur lieu de travail ou dans la famille). Refuser de sourire aux plaisanteries contre les femmes, c'est aussi affirmer: «le sexisme ne passera pas par moi»!

Les élections communales

En vue de la préparation des élections communales d'octobre 2006, des formations commencent à se mettre en place pour préparer des femmes à se porter candidates. Que ce soit à BRUXELLES, par exemple via le Centre féminin d'éducation permanente ou via des organisations féminines dans vos régions (renseignez-vous), envisagez dès maintenant la possibilité de vous préparer à être candidate car VOUS LE VALEZ BIEN.

IN MEMORIAM

Marie-Thérèse Cuvelier. 7 mai 1923 - 5 octobre 2005.

Juriste, grande féministe, membre de PO.

On se souviendra que dans les années '60 les hôtesses de l'air de la SABENA luttaient contre une limite d'âge sexiste (40 ans), contre une «Commission Esthétique» et pour obtenir la pension des navigants dont les hôtesses étaient exclues.

Les hôtesses de l'air ont du lutter devant les plus hautes juridictions pour atteindre leurs buts. Dans ce combat c'est Marie-Thérèse Cuvelier qui les a défendues avec succès.

En juin 2003, le B.C.F.H. (Belgian Corporation of Flying Hostesses) en association avec P.O. a rendu hommage à Marie-Thérèse Cuvelier au cours d'une séance organisée à Amazone.

© Porte Ouverte 2007

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