GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin d'octobre 2003

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

En participant à la séance inaugurale de la nouvelle saison, vous constaterez quelques innovations.

Nous vous invitons à la CONFÉRENCE :

Société civile et démocratisation : les mouvements de femmes dans les
pays arabes (Maroc, Autorité palestinienne, Tunisie, Koweït)

...donnée par Madame FUENCISLA CARMONA BLANCO, licenciée en philologie et histoire orientale (ULB), qui aura lieu le JEUDI 16 OCTOBRE 2003 à 19h dans la salle H 4.159; 4e étage du bâtiment H du campus du Solbosch de l'Université libre de Bruxelles, Avenue Héger, 6, 1050 BRUXELLES. Entré gratuite

  • Trams 90, 23 : Arrêt "étoile" au bas de l'avenue des courses.
  • Trams 93, 94  Bus 71 : Arrêt "ULB" au haut de l'avenue Héger.

Entrer dans le bâtiment H par la porte 6
Prendre ascenseur à droite
4ème étage - local: 4.159

Cette conférence et les suivantes, se placent dans le cadre des activités du G.I.E.F. (Groupe interdisciplinaire d'études sur les femmes), avec l'accord des professeures GUBIN et DE MEUR. PO conserve son autonomie à l'occasion de cette collaboration.

Les membres de l'U.L.B., en particulier les étudiants, sont cordialement invités.

Dates à retenir : jeudi 13 ou 27 novembre (à préciser) et le 18 décembre.

ÉDITORIAL

La mort brutale survenue récemment, de deux femmes en vue et l'attentat contre une femme ministre en Irak, nous amènent à méditer sur l'éclosion ou la poursuite possible d'une vague de féminicides, au sens propre et au sens figuré. On connaît l'élimination prénatale sélective des foetus féminins et la "pratique de l'exposition" des nouveau-nés de sexe féminin, le meurtre excusé ou l'exécution de la femme adultère ("Tue-la") et d'autres pratiques qui ont un caractère sexospécifique. On se rappellera aussi assassinat, au Canada, d'un groupe de jeunes étudiantes qui avaient osé faire des études sur des matières jugées "masculines" par leur meurtrier.

Dans certains cas, les femmes sont recluses ou séquestrées, elles doivent être invisibles et on ne peut entendre leur voix. Des moyens spécifiques sont employés, par exemple dans les médias, pour dégrader l'image des femmes, par la pornographie, dans la publicité et aussi dans le cadre d'une complaisance faussement dénonciatrice.

Un quotidien ( La Capitale du 15 septembre 2003) intitulait un article consacré à deux de nos ministres : "Séduisantes ministres: deux tops au top".

Est-ce pour les valoriser ? On peut s'interroger sur les motifs et les mécanismes de la résurgence de cette situation. Certains disent que c'est le prix à payer pour la réussite des femmes "arrivées" dans notre société. C'est une argumentation qu'il faut dénoncer, c'est une méthode traditionnelle de division des femmes et c'est oublier que les femmes ne sont pas "arrivées" à être les égales des hommes notamment dans la vie professionnelle et le monde économique.

Le gouvernement fédéral vient d'être annoncé : alors que l'Institut du genre se met en place, la mention de l'égalité entre hommes et femmes disparaît dans le titre officiel et protocolaire de la ministre qui a la charge de cette compétence dans ses attributions.

Voilà un long détour pour en arriver à l'actualité et souligner un détail !

A.H.

LA CONFÉRENCE NATIONALE POUR L'EMPLOI (19 septembre 2003)

Le Gouvernement n'a pas manqué de faire observer ««à qui de droit» que l'augmentation du taux d'activité des femmes doit être l'objectif majeur dans la perspective de la création de 200.000 emplois nouveaux en quatre ans. Rappelons que ce taux d'activité est notablement inférieur à celui des hommes du pays, que le chômage de longue durée des femmes les expose, lorsqu'elles sont cohabitantes, à la suppression de leur allocation de chômage plus fréquemment que les hommes. Par exemple, dans un ménage dans lequel un des conjoints est au chômage et l'autre au travail le plafond de cumul des revenus est plus vite atteint quand c'est la femme qui est au chômage que lorsque c'est le mari, puisque le gain professionnel du mari est généralement plus élevé que celui des femmes.

Et on semble se diriger vers la création d'emplois ««masculins» pour lesquels les chances d'embauche de femmes sont plus minces. La campagne ««200.000 emplois» doit être doublée d'une vigoureuse campagne : «Tous les emplois accessibles et offerts aussi aux femmes.» ou: «Embauches sans discrimination fondée sur le sexe».

PERSONALIA P.O.

Madame Lydia Deveen-Depauw, qui a fait carrière comme professeure d'université, sénatrice et secrétaire d'Etat, a aussi un talent artistique dans le domaine de la peinture et du dessin.

Une exposition de ses oeuvres a été organisées en septembre 2003 au Gemeenschaps-centrum Op-Weule à Woluwé-Saint-Lambert.

LA DISCRIMINATION DE SEXE/GENRE (EN EUROPE).

Le lobby européen des femmes a invité ses membres à agir auprès des autorités nationales au sujet d'un texte élaboré par la Convention européenne qui tend à remanier les institutions européennes.

En effet, il est important que le principe de l'égalité hommes-femmes soit dûment mentionné parmi les principes défendus par l'Union européenne; il importe aussi que cette mention soit explicite dans les passages importants du futur traité.

D'autre part, un «bon vent» a fait connaître un projet de directive sur la discrimination sexe/genre dans les domaines en dehors de l'emploi ou du travail; mais ce texte est naturellement confidentiel. Il y a cependant lieu d'établir, dès maintenant, une liste exhaustive de toutes les discriminations de sexe/genre : celles qui existent dans les textes et aussi celles qui existent dans les faits. La résistance au changement est vive, qu'il s'agisse d'un problème de discrimination concernant quasi tout le monde (par exemple, la transmission du nom de famille aux enfants) ou d'un cas qui concerne de rares personnes (par exemple, la transmission de faveurs nobiliaires ou de titres de noblesse ou de l'héraldique). Il n'y a pas de «petites» discriminations acceptables.

Il ne faut pas non plus distinguer entre les faits discriminatoires ouvertement affirmés et la gestion de discriminations de sexe/genre par les pouvoirs publics (par exemple, les subventions à des groupes pratiquant la discrimination sexe/genre ou de la gestion par l'autorité provinciale de bourses d'études dont les fondateurs ont ouvertement mentionné la discrimination).

L'ÉTAT DE LA QUESTION

Toute heure est bonne pour être l'heure des bilans. Toute heure est bonne pour évaluer ceux qui nous sont présentés, à nous, les féministes des deux sexes, parfois sous des titres flamboyants. Toute heure est bonne pour chercher les motifs sous-jacents à certaines déclarations et à s'interroger sur les motivations qui sous-tendent certaines affirmations.

A quelques jours d'intervalle, nous avons relevé deux titres dans la presse :

  • «les femmes s'imposent», tel est le titre de l'enquête publiée dans «La Libre Belgique» (16 août 2003), qui donne une analyse de l'Institut National de Statistiques sur l'emploi;
  • «Vrouwen aan de macht in de kerk» (des femmes au pouvoir dans l'église) dans le journal «het Laaste Nieuws» (7 septembre 2003) est un article consacré à une déclaration du cardinal Danneels qui est la plus haute autorité catholique romaine du pays.

Le premier article souligne qu'au cours des dernières années de plus en plus de métiers considérés comme «masculins» s'ouvrent aux femmes et qu'en 40 ans la proportion de femmes dans le notariat est passée de 1,1% à 34,9%. Mais combien de personnes sont elles concernées? Même s'il est réjouissant de voir une femme à la tête d'une colonne de protection civile ou de police, ne constate-t-on pas que le public tout venant s'adresse en priorité à un homme du groupe parce qu'on le considère comme devant être nécessairement le chef de l'équipe? Il faut que les hommes s'habituent à répondre : «C'est madame qui est la chef». Malgré les avancées, la ségrégation des sexes dans les professions demeure un facteur de discrimination et lejournal publie un tableau qui met la ségrégation en évidence.

Quant à l'en-tête de l'article concernant l'église catholique romaine, il ne correspond pas au contenu de l'article lui-même qui est consacré à un débat au sujet de la fonction et du titre donné à deux femmes (vicaires); mais on y rappelle sans complexe que les femmes sont exclues de la cléricature, même si elles exercent des fonctions administratives ou religieuses.

Ajoutons qu'au cours du temps et actuellement encore le militantisme des femmes pour une cause est loin d'être récompensé par une promotion, du pouvoir ou des honneurs, même quand la cause en question triomphe.

A ceux qui nous disent ou nous diront : «vous avez assez longtemps joué dans la "cour des grands"», nous répondons que nous n'entendons pas ce langage.

© Porte Ouverte 2007

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