GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'Émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de septembre 2001

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Invitation à l'élaboration d'un questionnaire aux mandataires politiques

Le Groupement belge de la Porte Ouverte continue à étudier la question de l'AIDE AUX FEMMES EN POLITIQUE. Et le groupement de réflexion vous invite à contribuer à l'élaboration d'un QUESTIONNAIRE AUX MANDATAIRES POLITIQUES le MARDI 11 SEPTEMBRE 2001 à 19 heures. Dans une des salles d'AMAZONE. Rue du Méridien 10 à 1210 Bruxelles. Bus: S.T.I.B.: 65-66 ; De Lijn: 107-108-358-BH-BK-BZ. Métro: Botanique ou Madou ; Trams: 92-93-94.

Il apparaît de toute évidence que l'entrée des femmes en politique est une œuvre de longue haleine ; la partie féminine de la population y est tout entière impliquée. Le parcours individuel des femmes se ressent sans doute de la situation d'ensemble des femmes dans une société donnée, en l'occurrence la nôtre. Si les femmes accèdent aux postes à responsabilités à un âge plus avancé que les hommes, cela ne se remarque pas seulement en politique. Y a-t-il plus souvent pour les femmes que pour les hommes d'interruptions dans la carrière politique avec les conséquences que l'on constate au moment de la retraite. Les partis imposent-il aux candidates un programme de noviciat différent de celui des hommes ? Les femmes, en politique comme ailleurs, cheminent-elles plus longtemps que les hommes dans allées latérales du pouvoir et pourquoi ? Le parachutage à partir du monde extérieur à la politique est-il ou non plus fréquent pour les hommes que pour les femmes ? Fait-on un accueil différent aux transfuges des deux sexes ?

Venez avec vos réflexions, vos questions... et vos propositions pour résoudre les problèmes spécifiques que les femmes rencontrent dans la vie politique.

Éditorial

Parmi toutes les discriminations, la discrimination de sexe/genre a une place particulière, qui n'est pas - loin de là - une place privilégiée dans les préoccupations de ceux et celles qui combattent les droits que l'on appelle si bien les "droits de l'homme".

Elle est notamment universelle et ubiquitaire, elle atteint chacune des personnes qui appartient au genre féminin, quel que soit son rang dans la hiérarchie d'une autre classification (race, classe sociale, fortune, etc.). La discrimination à l'encontre des femmes, elle est pratiquée même chez les personnes et les groupes qui défendent d'autres groupes discriminés. Elle a aussi une longue tradition - qui ne la justifie pas - dans les siècles et les millénaires, comme le rappelle une anecdote.

Une femme. Agnodice est un nom de femme. Elle s'est dit que cette loi interdisant aux femmes d'être accoucheuse était déplorable et on ne peut plus incommode ; elle voulait être à tout prix accoucheuse et elle a réfléchi trois jours et trois nuits au moyen de le devenir. À l'aube du troisième jour, elle a entendu un bébé pleurer dans la maison voisine, et elle a trouvé sur-le-champs ce qu'elle devait faire. Elle a coupé ses longs cheveux sans plus tarder, s'est vêtue d'habits masculins et s'en est allée écouter les cours de Hiérophile. Quand elle a su ce qu'elle voulait, elle a commencé sa pratique et elle a eu un succès considérable, madame. (Natsumé Soseki, Je suis un chat, Gallimard).

La ségrégation vestimentaire coutumière des personnes a dû être enfreinte par de nombreuses femmes pour accéder à des études ou à des professions exercées jusque là exclusivement par des hommes; on pensera, par exemple, aux métiers des armées et à Jeanne d'Arc. Mais ici, dans le cas d'Agnodice, il s'agit d'une activité qu'on pourrait croire "naturellement féminine" et l'on redécouvre le phénomène d'éviction des femmes dans le même domaine quand, au XIXe, les médecins – métier alors fermé aux femmes – supplantèrent les sages-femmes.

Il est inutile de rappeler à nos lecteurs et lectrices que c'est précisément la spécificité de notre Groupement que de lutter contre l'éviction des femmes, comme le rappelle cette photo datant de 1975 montrant trois membres de notre groupement lors de l'émission du timbre consacré à Marie Popelin dont la lutte pour devenir avocate est à l'origine du mouvement féministe dans notre pays.

Nous avons déjà rappelé l'initiative «Quo vadis» du Ministre fédéral qui appelle à l'entrée des femmes dans les métiers dits masculins.

Au moment où l'industrie automobile (19 août 2000) recherche du personnel et se déclare disposée à le former, exprimons notre volonté de voir davantage de femmes dans les garages, les ateliers et les bureaux d'études de ce secteur.

Europe

C'est à Bruxelles que sera lancé le Cinquième programme communautaire en matière d'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Au cours de cette journée seront étudiés non seulement des problèmes théoriques mais aussi l'expérience dans tous les pays d'Europe et la responsabilité des syndicats et des entreprises.

LA CONDITION DES FEMMES se distingue de celle des hommes partout dans le monde. On trouve partout, malgré les textes légaux, une supériorité numérique des hommes dans les postes à responsabilité. Cela se remarque dans les grands pays mais aussi dans les petits pays. Aujourd'hui, nous consacrerons notre attention sur la principauté d'ANDORRE d'après le rapport que ce petit état (moins de 500 Km2, comptant moins de 100.000 habitants) présente aux Nations Unies sur la discrimination des sexes (CEDAW/C/AND/1), lequel souligne que l'accroissement récent de la population est dû à l'immigration et que ce phénomène est principalement masculin.

Le rapport souligne que la Constitution et les lois reconnaissent et établissent l'égalité entre les personnes des deux sexes. Mais le taux d'activité des femmes est inférieur à celui des hommes.

Et le rapporteur officiel écrit avec une grande sincérité: «Les archaïsmes (sic) hommes/femmes se retrouvent dans les postes à responsabilité de la fonction publique.»

Il est aussi intéressant de connaître la situation que l'on rencontre dans les pays qui désirent faire partie de l'Union européenne.

Nous regarderons aujourd'hui la documentation que la HONGRIE présente aux Nations Unies (CEDAW/C/HUN/4-5).

Nous lisons par exemple: L'article 76 du code civil qualifie de "violation des droits imprescriptibles tout type de discrimination négative exercé à l'encontre des particuliers, notamment pour des raisons de sexes, de race, d'origine nationale ou de religion ; l'atteinte de la liberté de conscience ; toute restriction illégale de la liberté individuelle.

Ne nous étendons pas sur le vocabulaire utilisé, le choix des mots n'est pas innocent, comme ce qu'on peut appeler l'évolution ou la flexibilité du sens donné au terme "discrimination" qu'il convient cependant de souligner comme on doit souligner, dans d'autres circonstances la substitution de l'expression "répartition équilibrée entre hommes et femmes" au simple mot "égalité".

Le rapport cite des décisions égalitaires de la Cour constitutionnelle ; mais il se poursuit par une longue liste de mesures considérées comme "protégeant" spécialement les travailleuses, par exemple en excluant les femmes enceintes des heures supplémentaires (même si elles sont seules et ont besoin d'un supplément de revenu) ou des équipes de réserve qui ne prestent pas de travail déterminé, et même les femmes tout simplement "en âge de procréation" (sic) sont exclues de certains emplois Décidément, en Hongrie comme ailleurs, les justifications de santé sont longuement exploitées quand il s'agit d'exclure les femmes.

Les tableaux qui se trouvent dans le rapport montrent bien, eux, quelle est la situation réelle des femmes, en matière d'emploi, d'avancement et de rémunération.

© Porte Ouverte 2001

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