GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de mai 2001

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Le Groupement est en deuil

Notre fidèle membre Jeanine Van Esch, membre de longue date, membre du Comité et ancienne secrétaire générale, est décédée le 21 avril 2001. Jusqu'au terme de sa longue maladie, elle a manifesté son intérêt pour notre cause. Nous garderons le souvenir de son dévouement.

Femme immigrée et postes à responsabilité

Le groupe de réflexion constitué en janvier 2001 se réunira ce mois en mai. Il est composé de toute personne intéressée par la question à débattre et tous et toutes les membres du Groupement sont invité(e)s à y participer et à se faire accompagner de membres de leur entourage.

La prochaine séance a pour thème: «Femmes immigrées ou issues de l'immigration: Quelles possibilités d'accéder à un poste à responsabilité (électif ou non)?»

Elle aura lieu le JEUDI 17 mai à 19 heures dans une des salles d'Amazone (rue du Méridien 10 à 1210 Bruxelles. Bus: 61-65-66 ; Trams: 92-93 ; Métro: Botanique ou Madou)/

Nous espérons vous rencontrer à cette séance.

Éditorial

Pourquoi une nouvelle réunion, plus ciblée, du Groupe de réflexion.

Le glossaire des Termes sur l'égalité entre les femmes et les hommes publié par la Commission européenne en 1998 et qui a pour titre «100 mots pour l'égalité» définit «l'EMPOWERMENT» ou «renforcement de pouvoir» comme «le processus visant à donner et à développer ses propres moyens devant permettre à toute personne de contribuer activement à l'organisation de sa propre vie et de sa communauté sur les plans économique, social et politique».

Sachant d'une part que les normes sexuées et stéréotypées du milieu de vie et de culture dans lesquels hommes et femmes baignent, s'additionnent à d'autres types d'inégalité liés à l'appartenance de classe sociale, à la religion, à l'origine ethnique et sachant d'autre part, comme dit Mariette Sineau, politologue et directrice de recherche au CNRS, citée par G.Halimi dans la «Nouvelle cause des femmes» que la plupart des partis fonctionnent dans «un phénomène d'autoreproduction des élites» et qu'ils se sont forgés «des pratiques qui leurs sont totalement légitimes, c'est-à-dire une exclusion légitime» - sachant tous ces écueils-réfléchissons et puis proposons des actions pour un "empowerment" des élues belges mais aussi non-belges.

Ces dernières comme nous le savons, rencontrant des difficultés supplémentaires de tout ordre et sont soumises à des tabous tenaces les empêchant d'accéder à certains types de responsabilités.

Pour réagir nous souhaitons les inventorier d'abord et puis passer à l'action, sur base de vos témoignages et de vos propositions.

M.C.E.

En outre, il ne faut pas oublier que le véritable pouvoir se trouve entre les mains de la majorité et que, d'autre part, le pouvoir exécutif est entre les mains de ceux (et celles) qui comptent réellement et qui forment le collège des bourgmestre et échevins.

Quelle est à ce niveau la place des femmes?

Quelques changements après les élections politiques du 8 octobre 2000

Le pourcentage des élues aux conseils communaux est de 38,3% à Bruxelles-capitale, 27,1% en Flandre, 25,9% en Wallonie et, dans le pays 27,2% et cela représente, dans toutes les régions, une nette augmentation par rapport à 1988 et 1994.

Certaines communes comptent plus de 50% d'élues: Ottignies-Louvain-la-Neuve 70,6%, Oud-Heverlee 57,1%, Woluwé-Saint-Lambert 54,3%, Keerbergen 52,4% et Quaregnon 52%.

Des victoires? Non, parce que cela signifie que plus de 500 communes sont majoritairement masculines

Des femmes de science

L'Unesco et une firme commerciale (l'Oréal) viennent de récompenser le travail scientifique de cinq éminentes femmes qui se sont distinguées dans la recherche scientifique ; non seulement, elles ont une origine géographique différente mais elles ont œuvré dans des domaines variés ; la recherche fondamentale peut déboucher sur des applications pratiques qui ont une incidence sur le bien-être des personnes, par exemple en médecine.

Les lauréates ont fait leurs recherches dans des domaines variés allant de la génétique moléculaire ou de la génétique des anticorps aux dystrophies neuromusculaires en passant par le développement embryonnaire – l'étude des maladies auto-immunes.

Il convient de souligner que les chercheures sont des gens de science, au même titre que les chercheurs masculins et qu'il ne s'agit pas d'une récompense au rabais. La spécificité de ce prix, attribué à des femmes, souligne que, dans le domaine scientifique aussi, les femmes participent à l'égalité.

Disons aussi que, si les femmes sont et doivent être les égales des hommes aux niveaux élevés de la hiérarchie, elles doivent aussi être les égales des hommes à tous les échelons.

Disons aussi que l'octroi du prix est destiné à la poursuite d 'une carrière. On est loin de la conception qui prévalait, au début de ce siècle, dans un livre intitulé "Princesse de science", dont l'auteure était une femme (Colette Yver), le livre se terminait par la défaite (à notre avis)de la dite princesse qui renonçait à sa profession pour cause de mariage. Les conceptions en la matière ont, certes, notamment évolué.

Il est regrettable que "Le Soir magazine" (18 avril 2001) qui rend hommage aux femmes de science utilise, d'autre part, à leur propos une expression comme "Ces drôles de dames du monde scientifique" et parle d'une chercheure comme "une superbe Brésilienne".

Dit-on d'un homme de science qu'il est un Adonis?

Quelques chiffres significatifs

Lorsqu'on regarde le marché de l'emploi et ce qu'on peut appeler celui du chômage, on constate de grandes disparités entre les hommes et les femmes.

On sait que grosso modo la proportion des personnes qui ont un emploi dans un groupe (les hommes, d'une part, et les femmes d'autre part), le taux d'emploi est plus élevé parmi les hommes ; il faut donc augmenter les chances d'emploi des femmes, les amener à occuper des emplois nouveaux ou généralement réservés en pratique aux hommes.

On sait que, malgré leur niveau de formation et de diplôme, les femmes ont moins de chances d'emploi que les hommes. Si l'on regarde la destinée des personnes peu scolarisées, on constate le déséquilibre entre les personnes des deux sexes.

HommesFemmes
Dans la population44,5%44,2%
Dans la population active34,7%25,8%
Dans la population au chômage46,6%58,8%

Parmi les personnes au travail, les hommes sont majoritaires aux sommets de la hiérarchie professionnelle tandis que les femmes, elles, sont majoritaires dans les emplois précaires, les emplois atypiques et les emplois à temps partiels.

On ne répétera jamais assez que, parmi les exclus ou suspendus du bénéfice des allocations de chômage pour cause de longue durée, les femmes sont majoritaires.

Et parmi les personnes qui interrompent sur demande leur carrière, les femmes sont majoritaires de manière écrasante et elles consacrent leur temps libéré à des activités moins valorisantes pour la suit de leur carrière que les hommes, avec, à la clé, perte de leurs droits individuels à la sécurité sociale.

Le choix dans ce domaine est-on ne le répétera jamais assez- seulement en apparence un libre choix? Il s'agit d'une demande formellement libre seulement !

Un bilan

La Chambre des représentants a entendu un rapport de la vice première ministre chargée de la politique de l'égalité entre les hommes et les femmes qui a évalué les résultats de quinze années de politiques et d'actions menées en faveur de l'égalité des chances entre hommes et femmes (Doc. Parl. Chambre, 50 1172/001 du 23 mars 2001).

On notera l'augmentation du budget affecté à la politique d'égalité hommes-femmes.

Nous trouvons dans ce document une confirmation de ce que nous affirmons: la discrimination fondée sur le sexe/genre est la plus étendue des discriminations et toute discrimination est renforcée, pour toutes les femmes, par la discrimination de sexe/genre.

"A cet égard, il faut souligner que la dimension hommes-femmes est une différence structurelle qui affecte toute la population. Ni les femmes ni les hommes ne devraient être traités comme un groupe d'intérêts particuliers parmi d'autres. Cependant, le "genre" affecte et renforce même souvent, les différences et les vulnérabilités en fonction d'autres différences structurelles telles que l'origine ethnique, l'âge, le handicap, l'orientation sexuelle. C'est pourquoi le ministre a déposé un projet de loi contre toutes les formes de discriminations"

Tant dans le texte du rapport que dans le débat qui a suivi dans le cadre de la commission d'avis de la Chambre, nous avons noté la volonté exprimée par le gouvernement de consacrer de l'énergie à la lutte contre la discrimination de sexe/genre pendant la présidence de la Belgique sur l'Union européenne, au cours du second semestre 2001.

L'entêtement des misogynes dure

C'est ainsi que nous apprenons que la cour constitutionnelle du Koweït vient de rejeter, pour la cinquième fois, l'action en justice des femmes qui réclament le droit de vote inscrit dans la constitution, le motif est un vice de forme.

Notre entêtement à faire reconnaître nos droits, en pleine égalité avec les hommes, doit être à la mesure de l'entêtement des misogynes et le dépasser.

On sait que tous les motifs sont bons pour refuser ouvertement aux femmes tous les droits qu'on les hommes ; oui, tous les motifs, jusque et y compris de présenter' la privation d'un droit comme un privilège, une "protection" pour les femmes.

Veillons à ne pas nous laisser abuser !

Personalia PO

Nous apprenons avec intérêt que notre membre, Mme Mariette Verrycken, juge de paix honoraire, accède, le 1er mai 2001, à la présidence du conseil d'administration de la fondation Julie Renson (qui s'occupe de la santé mentale).

© Porte Ouverte 2001

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