GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de novembre 2000

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Commémoration 2000

Louise De Craene-Van Duuren (1875-1938) et Georgette Ciselet (1900-1983)

Nous vous invitons à la seconde conférence commémorative. Madame Eliane GUBIN, historienne, Professeure à l'Université de Bruxelles, fera à notre tribune un exposé sur Le féminisme du XXème au XXIème SIECLE dans une des salles de l'AMAZONE (10 rue du Méridienà 1210 Bruxelles), le jeudi 23 novembre 2000 à 19 heures.

L'exposition Femmes: Travail, salaire, Liberté dans la salle de l'Europe à l'Hôtel de Ville de Saint-Gilles à Bruxelles (place Maurice Van Meenen à 1060 Bruxelles) se poursuit jusqu'au 7 novembre 2000 du lundi au jeudi de 14 à 18 heures (entrée gratuite).

Métro: Horta ou tram et bus 18-48-81-82 à la barrière de Saint-Gilles.

Cette même exposition, organisée par le Groupement, avec le Mundaneum et les Archives libérales aura lieu ensuite du 21 au 30 novembre 2000. Vernissage le mardi 21 novembre à 18 heures dans le Hall communal de l'Hôtel communal de Woluwé-Saint-Lambert (av. Paul Hymans 2 à 1200 Bruxelles). Du lundi au vendredi de 8 à 17 h. – le jeudi jusque 19h - Entrée gratuite.

Métro: direction Stockel - Arrêt Tomberg à partir de la gare centrale
Bus: 28 à partir de la gare du Nord.

Réflexion après les élections du 8 octobre 2000

On n'en a pas fini de commenter les résultats des élections. C'est logique puisque trois mois séparent les élections communales de leurs conséquences sur le terrain, et on évalue à l'aune de ces élections le degré de satisfaction ou d'insatisfaction du corps électoral pour les autres degrés de pouvoir. Et l'on glose sur l'incidence du type de scrutin sur la stabilité de l'exécutif qui est sans doute dans nos sociétés expérimentales siège du pouvoir politique.

En ce qui nous concerne, nous déclarons uniment que nous ne disposons pas de moyens techniques pour procéder à de telles évaluations. Ce qui nous importe, c'est de constater combien de femmes émergent dans les rangs du pouvoir et des postes de décision. Ce qui nous importe, c'est de voir une proportion accrue de femmes aux postes de décisions. L'auteure de ces lignes pense même que, devant les grands nombres et dans des conditions qui seraient normales au départ, la proportion «naturelle» hommes-femmes serait la parité à l'arrivée. Cela est sans compter le poids des traditions.

Nous avons recommandé le vote de préférence en faveur des candidates.

D'autres groupes que nous ont eux aussi, préconisé le vote de préférence pour «leurs» candidats, pour ceux à qui ils veulent donner un coup de pouce, pour ceux par lesquels ils veulent être représentés. Les chercheurs et chercheuses étudieront certainement comment ces candidats ont été représentés par les groupes en question, s'ils constatent que le vote n'a pas propulsé vers le pouvoir un nombre considérable de femmes (ce que certains traduisent en disant que «les»femmes ne veulent pas être dirigées par des femmes), il y aura lieu de se demander si le «votez femmes» a eu une portée exclusive et, si, sous le poids des traditions et de la tolérance, les partisans du «votez femmes» n'ont pas voter aussi pour des candidats masculins parce qu'il y a – c'est indiscutable – des personnes très valables parmi eux et si, au contraire, les autres groupes sélectifs n'ont pas répandu le mot d'ordre de voter exclusivement pour «leurs candidats» quelles que soient les qualités et les compétences de personnes qui n'appartiennent pas à «leur»groupe.

Ensuite, il y a les effets des élections sur la composition des pouvoirs exécutifs qui sont sans doute les personnes qui détiennent le réel pouvoir politique. Vous avez lu dans la presse les tractations à ce sujet, tractations qui ont écarté un certain nombre de femmes. Il est malheureux que cela se passe mais il est heureux que cela ne passe pas inaperçu. C'est ainsi que l'hebdomadaire très répandu «Brussel deze Week» du 18 octobre 2000 consacre, en première page, un éditorial à l'élimination des femmes «Brusselse regering doet het opnieuw zonder vrouwen» (le gouvernement bruxellois fonctionne à nouveau sans femmes) en analysant les diverses méthodes et motivations pour éliminer les femmes (N.D.L.R. Ce n'est pas uniquement le gouvernement bruxellois qui ne compte aucune femme!). De son côté, un journaliste du «Soir», (19 octobre 2000) constate qu'il faut des mesures contraignantes pour établir la parité hommes-femmes au départ parmi les candidats?et on sait ce que devient la parité à l'arrivée !

N'attendons pas le 2 janvier 2000 pour mettre en place une stratégie globale tendant à réaliser dans les faits une parité hommes-femmes dans toutes les activités.

Les chiffres concernant la vie politique et les élections sont sans doute une évidence que l'on fait apparaître facilement et ils sont éloquents. Mais il ne s'agit que d'une partie de la discrimination fondée sur le sexe. En effet, on la rencontre dans tous les domaines. L'une de nos conférencières, universitaire de renom, nous communiquait les données concernant la répartition des femmes parmi le personnel de son institut: 6% de femmes dans le corps professoral, 12% dans le personnel enseignant et 54% dans le personnel administratif. Autrement dit, au fur et à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie, la proportion des femmes diminue. Une société meilleure et plus juste pour tous et toutes ne pourra exister que s'il y a des femmes en nombre dans tous les domaines de pouvoir, de décision, d'influence et à tous les échelons.

Projet de Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne

Un document important à l'échelon de l'UE est en projet.

Nous y lisons à l'article 5, 3, que «La traite des être humains est interdite». On sait que le commerce des êtres humains à des fins sexuelles concerne majoritairement des femmes.

L'article 15,1, prévoit que: «Toute personne a le droit de travailler et d'exercer une profession librement choisie ou acceptée». On peut penser qu'il serait utile de préciser: «en tout temps».

Le chapitre III porte sur l'égalité et son article 20 stipule: «Toutes les personnes sont égales en droit».

L'article 21 concerne la non-discrimination et nous relevons que c'est le sexe qui est cité en premier lieu. Dans un autre chapitre, l'article 33 se rapporte à la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale. Il y est précisé que toute personne a droit à des congés concernant la vie familiale notamment en cas de naissance ou d'adoption.

Il importe que l'autorité publique sanctionne toute discrimination de sexe faite par des particuliers ou des groupes.

La femme du siècle

Un siècle s'achète et l'Association internationale de la Femme de l'année a récemment désigné la cosmonaute russe Valentina Tereshkova, âgée aujourd'hui de 63 ans, comme la femme du siècle («le Soir» 13 octobre 2000).

Elle est restée seule pendant trois jours dans sa capsule lancée dans l'espace. Elle est la première femme à avoir accompli cet exploit mais pas la première personne à l'avoir accompli. En effet, c'est à un homme qu'est revenu l'honneur d'être le premier être humain lancé dans l'espace.

Nous ferons à ce sujet deux observations

  1. Ce qui importe, c'est qu'une femme aussi a accompli cette prouesse,
  2. Quand il s'agit d'êtres qui ne peuvent se prévaloir ou se glorifier d'être «le premier», on ne cherche pas à assurer la primauté à un être de sexe masculin: c'est à la malheureuse chienne Laïka qui s'est désintégré au retour - qu'est revenu l'honneur d'être à la fois la première chienne et le premier chien (non générique) de l'espace.

Travail, vie privée, violence

Lors de la Marche 2000, le Groupement belge de la Porte Ouverte a organisé un atelier sur le sujet «femmes immigrées, travail, violence». Le sujet mérite d'être encore approfondi.

Il y a les violences individuelles qui tendent à interdire aux femmes de sortir de chez elle pour suivre une formation, solliciter un emploi ou exercer une profession. Ce sont des violences physiques évidentes ou des menaces ou encore le poids de toute une tradition et d'une société.

Il importe de tenir compte de ces facteurs lorsqu'une femme, immigrée ou non, «exprime le libre choix de rester au foyer». Rappelons que la Fédération européenne des femmes actives au foyer a récemment déclaré: que leur dépendance les empêche non seulement de se défendre elles-mêmes contre la violence familiale mais encore de défendre leurs enfants.

La violence contre «l'intrusion» des femmes sur le marché du travail peut prendre la forme du harcèlement sexuel contre les femmes qui osent s'introduire dans les chasses gardées masculines. C'est ainsi que, si le 25ème anniversaire de l'entrée des femmes à l'armée a été dûment souligné lors du défilé de la fête nationale, la presse relate, en octobre (par ex.«Vers l'avenir»- 12 octobre 2000) qu'à l'armée une femme sur trois subit, sous des formes diverses, le harcèlement sexuel. Peut-on considérer comme une véritable sanction le renvoi dans la mère-patrie d'un militaire en «mission humanitaire» à l'étranger, ce qui lui fait simplement perdre de l'argent. Aucune réprobation n'est organisée contre les auteurs et les victimes font parfois même l'objet d'un harcèlement moral. Quel citoyen, quelle citoyenne peut-il (elle) garder sa confiance ou sa neutralité à l'égard d'une institution dont la hiérarchie tolère la discrimination sexuelle et le harcèlement ?

D'autre part, la conférence diplomatique qui se réunit au ministère des affaires européennes a aussi eu des retentissements dans la presse et les médias et l'accent a été, presque officiellement, mis sur la présence des femmes.

On a évidemment constaté la faible proportion des femmes qui sont chefs de poste et on a analysé l'attitude des familles. Dans une profession qui implique des séjours variés à l'étranger, l'attitude du conjoint et le souci des études des enfants entrent en ligne de compte. Les conjoints masculins doivent avoir un métier compatible avec cette situation tandis qu'il est probable que, les épouses des diplomates renoncent plus facilement à leur propre activité professionnelle pour devenir «Madame l'ambassadrice», qui a un rôle à jouer et que la «situation de papa» serait bénéfique à l'éducation des enfants, même en cas d'éloignement.

Est-il étonnant que le féminin d'ambassadeur soit ambassadeure ?

Dans une autre sphère avez-vous suivi quelques réunions préélectorales ?

Avez-vous remarqué que les épouses des candidats sont plus souvent présentes et actives que les époux des candidates qui ont, eux, leurs propres occupations qu'ils ne sacrifient pas au profit de la carrière de leur épouse. Qu'est-ce qui manque le plus aux candidates, demande-t-on. Est-ce le temps, est-ce l'argent ? Non, elles n'ont pas, elles, une épouse dévouée à leur cause, sauf si le conjoint peut se prévaloir d'être l'organisateur de la réunion mais non le secrétaire de Madame. PREPARATION de l'Assemblée générale des membres qui doit avoir lieu le jeudi 22 février 2001.

Parmi les points qui seront à l'ordre du jour se trouve l'élection de membres du comité.

Seront sortantes en 2001 Mmes:

  • Ascherman Renna
  • Collart Anne-Françoise
  • Exsteyl Marie-Christine
  • Rochette-Remy Yvonne

Les candidatures doivent être présentées par écrit au moins par trois membres du Groupement et être acceptées par écrit par les candidat(e)s. Les présentations et les acceptations doivent parvenir au siège social avant le 8 janvier 2000.

Notre livre «Deux féministes»

Il s'agit d'un volume de 86 pages comprenant les biographies des deux féministes, les témoignages de personnes qui les ont connues, des articles de leur plume et des photos. Il est vendu au prix de 100 F.B. s'il est acquis sur place (à nos réunions, au siège social sur rendez-vous, dans le cadre de l'exposition ou à la librairie féministe ARTEMYS, galerie Bortier 8 à 1000 Bruxelles (près de la gare centrale et de la bibliothèque Albertine) qui est ouverte les mardis, mercredis et jeudis de 12h. à 19h., les samedis de 10h. à 19h.

© Porte Ouverte 2000

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