GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de septembre 2000

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Commémoration 2000

Louise De Craene-Van Duuren (1875-1938) et Georgette Ciselet (1900-1983), fondatrices du Groupement de la Porte Ouverte

Nous vous invitons à assister à la conférence de presse (avec petit-déjeuner offert) qui aura lieu le jeudi 21 septembre 2000 à 8h30 au restaurant Amazone, Rue du Méridien 10 (1er étage) à 1210 Bruxelles

Elle sera consacrée à la présentation du livre «Louise De Craene-Van Duuren et Georgette Ciselet. Deux féministes» en présence notamment des auteures et de personnes ayant connu les deux fondatrices du Groupement.

Deux femmes, deux destinées, deux carrières. Un livre, des biographies, des témoignages, des documents, des photos.

Programme

Jeudi 12 octobre 2000 à 18 heures à Amazone: conférence commémorative: Le travail des femmes au XXIe siècle (Prof. Meulders) et le mainstreaming (Mme la docteure Sensi).

Du 20 octobre au 10 novembre 2000 à l'hôtel de ville de Saint-Gilles, salle de l'Europe,1er étage, place Maurice Van Meenen, n°39, 1060 Bruxelles (vernissage vendredi 20 octobre à 19h.) et du 16 novembre au 1er décembre à Woluwé-Saint-Lambert: exposition: Femmes... Travail, Salaire, Libertés avec le Mundaneum et les Archives libérales.

Octobre 2000: diffusion des biographies (en néerlandais) à Anvers, ville natale des deux fondatrices.

23 novembre 2000 à 19 heures à Amazone: deuxième conférence commémorative: Prof. Gubin: Le féminisme: du XXème au XXIe siècle. Sauf mention contraire, les activités sont prévues à Bruxelles. N.B. Certaines précisions de temps et lieu suivront.

Les élections sociales 2000

Les élections sociales qui se sont déroulées en mai 2000 dans les entreprises privées ont donné des résultats décevant en ce qui concerne la proportion des femmes parmi les candidates et les élues; les chiffres cités dans le fil d'Ariane (le périodique de la Direction de l'Égalité des Chances du Ministère fédéral de l'Emploi et du Travail) aborde la question dans son numéro de juin 2000 et cite les chiffres suivants:

Conseils d'entreprise  Comité pour la prévention et la protection au travail
Femmes candidates  27%30%
Femmes élues29,5%33%

En fonction des régions, c'est Bruxelles-capitale qui a la plus grande proportion d'élues, ensuite la région wallonne et enfin la région flamande. Quant à la répartition dans les syndicats, elle est de 60% pour la CSC., 30% pour la FGTB et 5% pour la CGSLB. L'auteur(e?) de l'article se demande si les élections sociales deviennent une affaire d'hommes.

Des femmes partout?

«Il y a des femmes partout» dit-on volontiers pour calmer les revendications féministes.

On se rappellera cependant que des interdictions professionnelles spécifiques sont faites aux femmes et que des obstacles, souvent dissimulés soigneusement; sont dressés sur la route de celles qui revendiquent les mêmes chances de départ et les mêmes points d'arrivée que les hommes.

On met même parfois au premier plan la présence ou le rôle des femmes dans certaines professions. C'est ainsi qu'en juin dernier c'est le rôle de l'agricultrice qui a été souligné en Wallonie dans le cadre des "Journées fermes ouvertes". Il ne s'agissait pas seulement de rappeler le rôle traditionnel des femmes dans l'agriculture mais la place des femmes dans la gestion de l'agriculture qui ici a été mis en valeur.

Le 21 juillet, jour de la fête nationale, on a célébré le vingt-cinquième anniversaire de l'entrée des femmes à l'armée. Oui, il y a seulement vingt-cinq ans qu'elles sont de vraies militaires professionnelles dans notre pays alors que l'histoire nous a légué le souvenir de Boadicée, des sœurs Tang, de la Kahena, d'une Christine de Lalaing ou d'une certaine Fernig, par exemple.

Oui, des femmes militaires ont défilé à Bruxelles, ce 21 juillet 2000, et ce n'était pas la première fois; il n'empêche que les femmes sont très minoritaires à l'armée. Quand aurons-nous une générale, une vraie générale, une femme qui doit ce titre à sa carrière et «n'emprunte» pas celui de son mari. Et soulignons que, dans le même temps, en cette année d'anniversaire, un cas de harcèlement sexuel d'élèves féminines de l'école militaire vient aux oreilles du public et est très mollement puni d'une sanction symbolique.

Inquiétant, n'est-ce-pas? Et n'y aurait-il pas des âmes charitables pour dire que les femmes doivent s'attendre à de telles manifestations quand elles ont l'audace de pénétrer sur une chasse gardée, dans un fief masculin «par nature»?

Le ministre fédéral de l'emploi et du travail entend à juste titre élargir l'éventail des emplois exercés par les femmes en les incitant à se préparer à des emplois traditionnellement masculins. On apprend que deux femmes candidates au service d'incendie, éliminées lors des épreuves sportives d'admission ont obtenu gain de cause devant le Conseil d'Etat sur la base d'une discrimination de sexe/genre. Faudra-t-il encore longtemps pour que des femmes épuisent leurs ressources et leur énergie par des actions personnelles devant les diverses instances? Verra-t-on un jour l'appareil de l'Etat établir l'inventaire des discriminations de sexe/genre afin d'y mettre fin? Ou bien verra-t-on un jour la Cour d'arbitrage (qui à notre connaissance, n'a pas encore été saisie d'une affaire de discrimination de sexe/genre) déclarer que la discrimination de sexe/genre est justifiée? En attendant, on voit se dessiner une tendance à banaliser la discrimination de sexe/genre en la noyant parmi toutes sortes d'autres discriminations, en l'y diluant au point de la diluer à l'infini. Cette tendance doit être combattue avec vigilance.

Parmi les "difficultés" prévisibles, parfois invoquées par les employeurs pour rejeter ces candidatures féminines à certains emplois; il y a l'attitude présupposée des futurs collègues masculins au travail.

A cet égard, la responsabilité des syndicats est d'une importance capitale. Et l'on doit souligner que, devant la pénurie des chauffeurs de poids lourds, un responsable syndical a récemment regretté publiquement que ce métier ne compte que 3% de femmes.

Une femme à la Sûreté de l'État

Une femme a été nommée à la tête de la Sûreté de l'État (en juin 2000). C'est Godelieve TIMMERMANS; voilà une femme qui crève la plafond qui freine l'ascension de bien des femmes vers les sommets de la vie professionnelle.

Le poste qu'elle occupe est un poste important et il était convoité. Appelons à l'attention sur une situation que nous verrons sans doute de plus en plus souvent. Une autre femme était aussi candidate à ce poste. Rappelons, d'ailleurs, qu'un telle situation ne se présente pas pour la première fois; on a connu une situation semblable récemment dans un grand corps de l'Etat. S'étonne-t-on de voir deux ou plusieurs hommes solliciter un même emploi important. Non, n'est-ce pas; on trouve normale une telle situation.

Cette affaire nous permet d'infirmer l'affirmation que l'on entend encore trop souvent: on n'a pas nommé un femme parce qu'on a vraiment cherché une femme compétente et motivée. Et s'il y avait assez de femmes compétentes pour occuper tous les emplois importants?

Et ailleurs? La conférence des Nations Unies qui a été convoquée à New York en juin avait pour but d'évaluer les progrès accomplis depuis 1995, date de la conférence de Pékin, dans le domaine des droits de la femme. Ces contacts internationaux sont pleins d'intérêt mais il importe que les participants et participantes, qu'ils-elles appartiennent au monde des représentants officiels ou qu'ils soient au nombre de ceux qui forment ce qu'on appelle maintenant la société civile, aient une volonté d'objectivité et qu'ils n'aient pas comme principal souci de faire valoir leur groupe, leur pays, ou leur culture. Il importe de savoir reconnaître combien est long le chemin qui, partout, reste à parcourir pour établir, dans les faits, l'égalité des hommes et des femmes.

Quelques semaines après le grand événement de New York, un organe important des Nations Unis dénonçait avec force la condition des femmes d'Afghanistan comme contraire aux droits de l'homme.

En septembre, nous aurons aussi les yeux fixés sur les antipodes puisque les Jeux olympiques commencent à Sydney. Rappelons qu'il y a déjà plusieurs mois, la championne de tennis Martina Hingis avait réclamé pour les sportives professionnelles l'égalité de rémunération avec les hommes (Janvier 2000). Pour l'heure, rappelons que la délégation olympique belge et globalement "équilibrée" numériquement entre les sportifs des deux sexes.

Au Maroc, une femme a été nommée au cabinet du nouveau souverain. Il n'empêche que les femmes sont loin d'avoir gagné leur lutte contre la répudiation et l'abolition du "code de la famille". Et l'on voit même des manifestations de femmes être organisées pour soutenir la sujétion des femmes.

Un article du Bulletin de l'Institut de recherche des Nations Unies sur le développement social (numéro 21, automme-hiver 1999) est consacré à "Genre et emploi dans l'industrie textile marocaine". L'auteur déclare qu'il n'existe pas de disparités entre hommes et femmes quant à l'incidence de la formation et de l'expérience sur le salaire dans un secteur où la main d'œuvre est à 75% féminine; mais les femmes ont un rapport ambigu avec leur travail, d'une part, elles ne valorisent pas leur apport économique dans la famille et, d'autre part, elles voient en celui-ci un recours contre l'insécurité de l'emploi

Élections communales et provinciales du 8 octobre

Nous avons le plaisir d'attirer votre attention sur les candidatures de MEMBRES de notre Groupement qui ont bien voulu nous en aviser.

  • Bruxelles-ville: Lucienne MOHIN, 46ème candidate sur la liste P.R.L. du Bourgmestre
  • Saint-Gilles-lez-Bruxelles: Catherine FRANÇOIS, 11ème candidate sur la liste du Bourgmestre
  • Saint-Josse-ten-Noode: Luce HAUTIER, 12ème candidate sur la liste du Bourgmestre

Nous rappelons que la bande dessinée appelant à élire des femmes, reste d'actualité, malgré quelques modifications des dispositions électorales. Il suffit de nous la demander, elle existe en français et en néerlandais.

Où est la parité hommes/femmes?

Quand on sait que, dans les 589 communes du pays, il y a seulement 36 femmes bourgmestres. Et l'on se souvient qu'il y a environ quatre-vingts ans que les femmes peuvent devenir bourgmestre (avec certaines modalités pour les femmes mariées et l'exercice du droit de police). En 1921, quatre femmes deviennent bourgmestres (Rappelons qu'à cette époque, le nombre de communes était beaucoup plus élevé qu'actuellement).

Le droit des femmes à un travail rémunéré comme garant de leur émancipation dans nos société est de plus en plus reconnu. Des lectures permettent de découvrir que cette affirmation sous-entend des politiques d'emploi dans certains pays. C'est ainsi que nous lisons par exemple, dans un rapport présenté par les Pays-Bas (qui sont loin d'être les champions en matière de travail desfemmes!) présenté à un organe des Nations Unies; il souligne l'argumentation rapide du nombre des femmes qui ont un emploi (N.D.L.R. Quel emploi? De quelle durée? Quelrevenu?); le rappoteur souligne la volonté officielle de mieux utiliser le potentiel économique des femmes (CEDAW/C/NET/2/p.63).

Avoir son indépendance économique, dans son cercle personnel et familial, même au prix peut-être d'une autre dépendance dans son cercle professionnel -qui est différent du premier- permet d'échapper à une éventuelle violence et surtout de le prévenir, notemment si cette "mutation" s'accompagne d'une émancipation psychologique.

© Porte Ouverte 2000

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