GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de juin 2000

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Pas de réunion publique en juin 2000

Cela ne signifie pas que le féminisme peut s'endormir ou ronronner de satisfaction. Si certains animaux hibernent et si, beaucoup d'humains de nos régions, s'accordent une interruption estivale de travail (qui implique au contraire, pour d'autres, une activité professionnelle accrue) la préoccupation féministe doit nous accompagner partout, à toute heure et tous les jours, sans interruption. Il n'y a pas seulement des réunions ou des congrès où il faut se rendre ou auxquels il faut être attentif ; même si l'on change quelque peu son rythme de vie, il faut rester l'attention en éveil et observer ce qui se passe autour de soi et ce qui peut susciter et mettre en éveil l'attention des féministes. Nous invitons nos lecteurs et nos lectrices à nous communiquer leurs réflexions et observations "de vacances" dans le domaine qui est le nôtre.

Élections communales du 8 octobre 2000

Nous offrons un service exclusif aux membres du Groupement dont la candidature sera présentée aux élections communales et provinciales. Nous voulons annoncer leur candidature en temps utile. A cette fin, nous leur demandons de bien vouloir nous aviser eux-mêmes et par écrit, en nous donnant avec précisions les renseignements utiles (assemblée, circonscription, liste et place sur la liste, etc.). A leur demande, nous leur enverrons des exemplaires (en français ou en néerlandais) de notre bande dessinée qui recommande le vote de préférence en faveur des candidates.

On sait que certaines personnes de nationalité étrangère peuvent, sur demande, obtenir le droit de vote: s'adresser au service électoral de la commune. Que les féministes notamment les femmes, qui remplissent les conditions exigées n'omettent pas de faire très prochainement les démarches ; on montrera ainsi que les femmes s'intéressent à la vie politique ? et elles aussi voteront pour des candidates. Répandez ce message.

Personalia PO: Mariette Verrycken

Mme Mariette VERRYCKEN, Dr juris, professor faculteit rechtsgeleerdheid V.U.B. Brussel, Vrederechter, est l'auteur d'un important article sur «Les personnes âgées et le droit» dans le «Traité de médecine gériatrique» (Edition Pfizer, Bruxelles) publié en 1998. C'est une contribution très utile et nous rappellerons que les femmes très âgées sont plus nombreuses que les hommes âgés.

L'égalité entre les personnes des deux sexes est l'affaire de tout le monde

En remettant à certaines entreprises, le 30 mai 2000, le Prix de l'Egalité (Equality Award) qui récompense les entreprises qui respectent le mieux l'égalité entre les personnes des deux sexes parmi le personnel, la ministre de l'emploi et du travail a attiré l'attention sur étude française récente du CREDOC (une organisation de défense des consommateurs) qui établit que 47% des consommateurs tiennent compte de critères éthiques dans leur choix lors de leurs achats et qu'en outre, 83% d'entre eux seraient disposés à tenir compte d'un critère d'égalité entre hommes et femmes si ce critère faisait l'objet d'une mention. A bon entendeur, salut!

Les entreprises ont donc un intérêt certain à respecter ce critère et les syndicats qui ont fait campagne contre le harcèlement moral et la déstabilisation du personnel doivent défendre les travailleuses contre le harcèlement moral permanent dont elles sont victimes parce que leur infériorisation générale est un élément certain de déstabilisation psychologique. Quant aux collègues et concurrents et aux chefs hiérarchiques immédiats, qu'ils pensent que leur tour pourrait bien venir !

À propos des quota de femmes dans les organes d'avis

Dans notre circulaire de mai 2000, nous avons attiré l'attention sur l'émergence des discriminations de sexe en prenant comme exemple l'incidence de la faible présence des femmes dans certaines fonctions que nous supposions être la cause des exceptions prises par le gouvernement flamand à l'obligation de composer les organes ayant des compétences d'avis en respectant une «présence équilibrée d'hommes et de femmes».

Une fonctionnaire du gouvernement flamand - nous la remercions - a confirmé cette supposition. Et voici que nous apprenons la situation générale dans le domaine fédéral. Conseil de l'égalité des chances entre hommes et femmes, l'avis n°34 du 7 avril 2000 nous apprend qu'une enquête provisoire établissant la situation au 31 décembre 1999 mentionne que «seule une petite minorité» des organes consultatifs (à savoir 10%) appliquent actuellement le quota fixé dans la loi. «Malgré de légers progrès, les objectifs de la loi sont loin d'être atteints». Le Conseil souligne qu'il est lui-même un des rares organes à avoir fait des efforts pour atteindre l'«équilibre hommes-femmes» alors que, précisément il résulte des travaux préparatoires à la loi qu'un Conseil d'émancipation est l'exemple type d'un organe qui pourrait prétendre à une dérogation.

Le Conseil estime que la sous-représentation des femmes résulte de la ségrégation verticale et horizontale entre hommes et femmes sur le marché du travail.

Le Conseil souligne que la ségrégation entre les sexes qui existe dans les ministères ne permet pas de compenser le déséquilibre entre la proportion des hommes et des femmes dans les délégations extérieures qui font partie d'un organe consultatif.

Le Conseil souligne des lacunes dans la loi ainsi que des difficultés d'interprétation et présente le projet d'un nouveau texte de loi.

Quoi qu'il en soit, dans le cas précis de la composition hommes-femmes dans les organes consultatifs, le fond du «problème» est la répartition non équilibrée des hommes et des femmes sur le marché du travail et dans la hiérarchie, alors qu'on peut affirmer sans devoir craindre de contradiction que, dans la fameuse «nature» à laquelle on se réfère si volontiers pour «justifier» la situation sociale inférieure des femmes, l'équilibre numérique et la succession des personnes des deux sexes est habituelle dans un vaste échantillon (et dans une situation dite aléatoire).

Pompier, un métier «masculin»

On dénonce depuis longtemps la ségrégation des personnes des deux sexes sur le marché du travail. Il y a peu, il a été fait appel aux femmes pour qu'elles s'intéressent à des métiers traditionnellement exercés par les hommes.

L'un de ces métiers est celui de pompier auquel le conseil de l'égalité des chances entre hommes et femmes a récemment consacré un avis (n° 35 du 7 avril 2000).

Les statistiques qu'on y trouve sont assez anciennes mais elles sont significatives. On sait que, parmi les pompiers, il y a les professionnels et les volontaires, lesquels exercent à temps partiel mais perçoivent une certaine rémunération. Parmi l'ensemble du personnel en 1993, (16496 unités), il y avait seulement 154 femmes ! Si l'on considère la répartition des hommes et des femmes aux différents postes, on ne comptait qu'une seule femme comme sous-officière sur les 10 femmes de corps des pompiers professionnels. Et l'enquête signale que la plupart des femmes sont employées à des tâches administratives et techniques.

Comme ce fut la cas pour divers emplois sur terre et sur mer, on constate que certaines casernes n'ont pas de locaux (toilettes, vestiaires) séparés pour les hommes et pour les femmes.

Le Conseil a adopté une recommandation et déclare notamment que le ministère fédéral de l'Intérieur pourrait dans ce domaine imposer des normes aux communes. Le Conseil constate aussi que, malgré la loi, la limite d'âge pour l'engagement est encore souvent imposée.

Le Conseil estime aussi que les jeunes enfants devraient être initiés à des exercices avec les pompiers et que les filles et les garçons devraient participer à ces exercices de façon que davantage de femmes soient attirées par le métier ou le volontariat.

Le partage du temps

Pour chacun(e), une journée n'a que 24 heures. Nous ne discuterons pas ici des études qui peuvent avoir été faites pour déterminer les habitudes individuelles d'une répartition du temps entre activité et sommeil ou repos et nous n'allons pas non plus philosopher sur la répartition des activités entre travail et autres activités, ni sur la nature de ces dernières. Il y a des nécessités alimentaires et des choix personnels. Nous voulons simplement parler de la répartition du temps dans le cours de la vie de l'homme «ordinaire» et de Madame Tout-le-Monde. Chacun(e) regarde autour de soi et analyse son milieu restreint et on nous rebat volontiers les oreilles à propos des «nouveaux hommes», des «nouveaux pères» dont le nombre, nous dit-on dans les médias, croît. L'arbre cache la forêt.

Nous savons qu'une étude récente de l'université de Liège a constaté que le temps que les femmes consacre aux soins du ménage n'a décru que de quelques minutes en trois décennies. Et voici qu'une étude du Centre national de la recherche scientifique (France) constate que, dans les familles, les hommes consacrent seulement 4 heures par semaine au ménage et à l'éducation des enfants contre 37 heures pour les femmes!

Cette étude ajoute que les occupations des femmes dans ce domaine sont davantage les humbles tâches quotidiennes et celles des hommes, des activités plus valorisantes (jeux, promenades, visite de musées, etc.) Mais on nous dira sans-doute que les femmes travaillent moins puisque les emplois à temps partiel sont à 90% «choisis» (?!) par elles. Les gens ne sont-ils pas, depuis des millénaires, soumis à un bourrage de crâne, à une rééducation psychologique permanente et obligatoire qui va de la dissertation philosophique à la rengaine que nous serinent les ondes dans laquelle un nostalgique évoque les dimanches d'enfance où on discutait avec Papa tandis que Maman servait à table.

Anniversaires 2000

Dans le bulletin (2ème trimestre 1930) du Groupement belge pour l'affranchissement de la femme (dont la présidente était Louise De Craene-Van Duuren) Georgette Ciselet consacre un article à la conférence de La Haye organisée par la S.d.N. (Société des Nations) en mars 1930 sur la nationalité de la femme mariée. Elle y rappelle que Marcelle Renson faisait partie de la délégation officielle de la Belgique.

Dans ce même numéro, on trouve un extrait de l'article consacré au féminisme par Louise De Craene-Van Duuren dans l'ouvrage intitulé «La Patrie belge», édité par le journal «Le Soir» à l'occasion du centenaire de la Belgique.

Les deux fondatrices dont nous rappellerons l'anniversaire en cette année 2000 étaient décidément à la pointe du combat féministe.

© Porte Ouverte 2000

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